Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je ne pus m’empêcher d’accompagner la famille au Muséum. c’était alors une collection assez insignifiante de curiosités ; mais c’était la merveille des merveilles pour la tante et la nièce. Il y avait surtout une collection de figures de cire qui les jeta dans l’extase. C’étaient la Beauté de New-York, la Beauté de la Caroline du Sud, la Beauté de la Pensylvanie, et une foule d’autres beautés. Kitty, après les avoir admirées, donna toute son attention à une religieuse ; elle ne pouvait concevoir quelle pouvait être cette femme ainsi affublée. Une religieuse et un couvent c’étaient des choses qu’on connaissait à peine à New-York, à cette époque.

— Grand’mère ! s’écria Kitty ; quelle est donc cette dame ? ne serait-ce pas lady Washington ?

— On dirait plutôt la femme d’un ministre, répondit mistress Wetmore, qui elle-même n’était pas légèrement intriguée. Il me semble que si c’était madame Washington, elle aurait un costume moins austère, et qu’elle aurait l’air plus heureuse. Certes, si une femme a dû être heureuse, c’est bien celle-là.

— Mère, vous avez mis le doigt dessus, s’écria son fils. C’est ce qu’on appelle une religieuse dans les pays catholiques romains de notre machine ronde.

— Une religieuse ! répéta la petite Kitty ; n’est-ce pas une femme qui s’enferme dans une maison, et promet de ne jamais se marier, mon oncle ?

— Précisément, ma chère ; cet je suis surpris que vous ayez déniché tant d’idées utiles dans votre trou perdu de Willow Cove.

— Pas si perdu, mon oncle, dit Kitty avec un petit ton de reproche, puisque vous avez bien su le trouver.

— Parbleu, vous avez raison, Kitty. Oui, une religieuse est une sorte d’ermite femelle, engeance que je déteste cordialement.

— Je suppose, Kitty, lui demandai-je, que vous n’approuvez pas qu’on fasse vœu de ne jamais se marier ?

La pauvre fille rougit, et elle cessa de regarder la religieuse, sans rien répondre. On ne saurait dire quel tour la conversation aurait pris si les regards de la grand-mère n’étaient tombés sur une copie assez médiocre du célèbre tableau de la Cène de Léonard de Vinci. On lui avait donné une explication imprimée du tableau, rédigée par quelque antiquaire de l’endroit, qui s’était hasardé à donner des noms, suivant son idée, aux différents personnages du groupe. Je