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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/134

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que James Madison. Je me bornai à lui accuser réception des dépêches, et à promettre de les remettre à mon arrivée. Ma lettre à M. Hardinge fut conçue dans les termes qu’un fils eût employés en écrivant au père le plus vénéré. Je lui demandais la permission de lui envoyer, en souvenir de ma sœur, une collection de livres précieux de théologie, qu’on ne pouvait se procurer qu’en Europe. Tout en le priant de jeter de temps en temps un coup d’œil sur Clawbonny, je me gardai bien de lui parler de l’hypothèque que j’avais eu la faiblesse de consentir, bien convaincu qu’il n’approuverait pas ce que j’avais fait.

La lettre de Jacques Wallingford fut aussi courte que la sienne. Je lui disais que je n’étais pas d’un caractère à revenir légèrement sur ce que j’avais cru devoir faire ; qu’il n’avait donc aucune inquiétude à concevoir au sujet du testament ; que les sucres étaient en bon état, et déjà sur la route de Hambourg, d’où j’espérais, avant peu, lui rendre bon compte de la vente que j’en aurais faite.

À l’égard de Lucie, je fus loin d’être aussi laconique. Au sujet des perles, je lui disais de faire ce qu’elle voulait, en la priant toutefois de choisir en outre, dans ce qui avait appartenu à Grace ; ce qui pouvait lui être le plus agréable ; car elle ne pouvait vouloir que je restasse son débiteur. Il y avait surtout une paire de bracelets sur lesquels j’aurais désiré que son choix se portât. Ma sœur les aimait beaucoup, et ils étaient effectivement très-jolis. Mon père avait acheté les pierres, qui étaient des rubis assez beaux, dans un de ses voyages, et je les avais fait monter pour Grace, qui s’en était parée quelquefois. Cette circonstance pourrait leur donner plus de prix aux yeux de Lucie. Il est vrai que les bracelets renfermaient aussi un peu de mes cheveux ; Grace l’avait exigé ; mais il ne serait pas difficile de les ôter, et la parure n’en serait que plus jolie. Je le faisais entendre dans ma lettre.

Je m’étendis peu sur la mort de ma sœur ; il m’eût été impossible d’en parler longuement sans renouveler toutes mes angoisses ; et nos sentiments étaient trop bien en harmonie sur ce point, pour que Lucie ne comprît pas tout ce que je n’avais pas le courage d’exprimer.

Au sujet du collier, je fus plus hardi que je ne l’aurais cru possible, et l’allusion fut faite dans la partie de la lettre où l’on dit que toute femme dépose sa véritable pensée : le post-scriptum : —