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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/306

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de jamais rien recouvrer, quand on me dit que deux messieurs désiraient me parler. Au premier coup d’œil, je crus que c’étaient encore des éditeurs à la recherche de nouvelles ; mais nous ne fûmes pas plus tôt seuls qu’une de ces personnes me fit connaître le secret de sa mission, avec des formes qui étaient assez bien, quant au suaviter in modo, tandis que le fond ne laissait rien à désirer sous le rapport du fortifer in re. — Je suis confus d’avoir à vous dire, capitaine Wallingford, dit ce personnage, que je suis porteur d’une prise de corps, pour une somme qui exigera une caution très-respectable ; il ne s’agit de rien moins que de soixante mille dollars.

— À merveille, mon vertueux cousin ! murmurai-je, c’est ne pas perdre de temps en vérité. Je conviens, Monsieur, que je dois la moitié de cette somme, s’il est vrai, comme on me le donne à entendre, que mon bien ne se soit vendu que cinq mille dollars. Je présume que c’est à cause de l’obligation que j’ai souscrite que je suis arrêté. Mais pourrais-je savoir à la requête de qui on me poursuit ?

Le second individu intervint alors. Il était, dit-il, le procureur du plaignant, et il n’était venu que dans l’espoir de trouver quelques moyens d’arranger l’affaire à l’amiable. Mon client est M. Thomas Daggett, de Clawbonny, qui est porteur de votre obligation, comme administrateur de la fortune de feu Jacques Wallingford, qui était, je crois, votre parent.

— Feu Jacques Wallingford ! Est-ce que mon cousin serait mort ?

— Il a quitté cette vie il y a huit mois, tout à fait inopinément. Comme il est décédé intestat, M. Daggett, qui est fils de la sœur de sa mère, et principal héritier, a été chargé, comme je vous le disais, de l’administration de ses biens. C’est grand dommage que la loi vous exclue de la succession, vous qui portez le même nom.

— Mon parent m’a donné tout sujet de croire que je serais son héritier ; mon testament en sa faveur était même déposé entre ses mains.

— Nous le savons, Monsieur, et comme on vous a cru mort pendant longtemps, on pensait que vos propres nous reviendraient, du moins en partie, ce qui nous eût épargné la nécessité de faire la démarche pénible à laquelle nous sommes contraints aujourd’hui. Mais qui était mort le premier de vous ou de votre cousin ? C’était un