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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/317

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m’empêcher de vous restituer la fortune de Grace le jour même de ma majorité, et cette chose, vous la saurez, Miles.

Je vis reparaître alors sur la figure de Lucie ce sourire étrange, dont j’allais lui demander enfin l’explication, quand le bruit des pas de M. Hardinge se fit entendre dans le corridor.

— M. Harrison n’est pas chez lui, s’écria le ministre en entrant : mais je lui ai laissé un mot pour lui dire que son ancienne connaissance, le capitaine Wallingford, avait un besoin pressant de ses services. Il est allé à sa maison de campagne de Greenwich, mais il reviendra dans la journée, et je suis sûr que sa première visite sera pour vous. C’est un de mes vieux camarades de classes, et il sera empressé de m’obliger. À présent, miss Lucie, il est temps que je vous fasse sortir de prison. J’ai vu un certain M. Drewett qui prenait la direction de Wall-Street, et j’ai eu la charité de lui dire que vous ne tarderiez pas à rentrer.

Lucie se leva avec un empressement qui ne me parut que trop significatif ; ses joues se colorèrent de nouveau, et elle entraîna son père avec une sorte de précipitation. Cependant, avant de sortir, la chère enfant trouva moyen de me dire à voix basse : — Rappelez-vous, Miles, que j’ai votre parole. Dans une heure vous serez libre !



CHAPITRE XXVIII.


Elle me fit une ceinture de ses deux bras, me pressa tendrement contre son cœur, puis rejetant la tête en arrière, elle attacha sur moi un long et passionné regard !
Coleridge.



Je fus deux heures sans voir personne. Une fenêtre du parloir où l’on me permit de rester, donnait sur ce qu’on veut bien appeler le parc, et je ne tardai pas à voir Neb et mon lieutenant qui couraient des bordées autour de la prison, comme s’ils voulaient établir une sorte de blocus de peur qu’on ne voulût me transporter dans quelques régions inconnues ; du moins, je ne pouvais donner d’autre explication à leur conduite. À la fin Neb disparut, et fut absent une heure. Quand il revint, il portait sur son épaule un paquet de cordes ; et alors les deux marins s’éloignèrent un peu, et se mirent à mesurer