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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/79

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« C’est à ce point de vue seulement que je vous prie, cher Rupert, de vous la rappeler quelquefois. Sous tous les autres rapports, ne pensez plus à moi. On ne peut commander à ses affections, et rien au monde n’eût pu me décider à devenir votre femme sans posséder tout votre cœur. Je prie chaque jour, presque à chaque heure — une larme était tombée évidemment sur cet endroit de la lettre — pour vous et pour Émilie. Soyez heureux ensemble ; elle est aimable ; elle a des talents qu’on ne pouvait acquérir à Clawbonny, et qui contribueront à l’agrément de votre intérieur. Pour que vous pensiez quelquefois à moi — ici la pauvre Grace se contredisait sans s’en apercevoir — Miles vous remettra le legs que je vous ai fait. Acceptez-le dans les sentiments qui me portent à vous l’offrir. Je voudrais qu’il fût plus considérable ; mais vous ne considérerez que l’intention. Tout faible qu’il est, j’espère qu’il suffira pour lever les obstacles qui pourraient retarder votre mariage, et le cœur de Lucie fera bientôt le reste.

« Adieu, Rupert ; je ne dis pas : adieu, Émilie ; car je pense que cette lettre, ainsi que le motif qui l’a dictée, restera un secret entre vous et moi, et mon frère ; mais je souhaite à votre future femme tout le bonheur que cette terre peut procurer, et une fin aussi pleine de consolations et d’espérances que celle qu’attend à chaque instant votre affectionnée

Grace Wallingford.


Oh ! femmes ! femmes ! que vous êtes admirables quand vous êtes abandonnées à l’impulsion presque divine de votre noble nature ! Pourquoi faut-il quelquefois que des passions mauvaises viennent étouffer les germes si précieux déposés dans vos âmes, et qu’un contact trop étroit avec le monde ternisse toute votre beauté morale !