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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/254

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— Vraiment ! Voilà une nouvelle, mes garçons ! Et savez-vous où elle est à présent, Laviny ?

— Pas précisément ; car elle m’a dit qu’elle allait s’enfoncer dans la forêt, de peur d’être vue ; mais une heure avant le coucher du soleil, elle doit revenir au pied du grand châtaignier qui est dans le champ aux mûriers, et j’ai promis d’aller l’y rejoindre, ou pour la ramener avec moi coucher dans une de nos maisons, ou pour lui porter de quoi souper et se faire un lit.

Ces paroles dites avec franchise, et empreintes de cette sympathie que les jeunes personnes ne manquent jamais d’éprouver l’une pour l’autre, inspirèrent une confiance entière, et le vieux squatter se détermina aussitôt à agir en conséquence. Je l’entendis se lever, et dire en s’en allant :

— Tobit, et vous tous, mes fils, venez avec moi. Nous allons faire encore une recherche dans les huttes et derrière toutes les piles de bois, pour voir si ce Littlepage n’aurait pas trouvé moyen de s’y glisser, pendant que nous avions les yeux tournés d’un autre côté. Vous, Laviny, vous n’avez pas besoin de venir avec nous. Vous autres filles, vous avez une manière de chercher, en courant toujours comme des effarées, qui fait plus de mal que de bien.

J’attendis que tout bruit de pas, même lointain, eût cessé de se faire entendre, et alors je me hasardai à bouger une main pour trouver une ouverture que j’avais laissée à dessein, et à travers laquelle je pouvais voir au-dessous de moi. Sur la pièce de bois que son père venait de quitter, Laviny s’était assise, et son regard inquiet semblait me chercher. Enfin, elle dit à voix basse :

— Êtes-vous toujours là ? Mon père et les garçons ne sauraient nous entendre à présent, si vous avez soin de ne pas parler trop haut.

— Je suis ici, ma bonne Laviny, grâce à votre bienveillante amitié, et j’ai entendu tout ce qui s’est passé. Vous avez vu Ursule Malbone, et vous lui avez remis mon billet ?

— Aussi vrai que je vous vois ; et elle l’a lu tant de fois que je suis sûr qu’elle doit le savoir par cœur.

— Mais qu’a-t elle dit ? ne vous a-t-elle chargé d’aucun message pour son oncle, d’aucune réponse à ce que j’avais écrit ?