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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/294

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quelque chose à l’aide de ce médiateur puissant ; mais l’intérêt étouffait toute autre voix ; et l’égoïsme était le pivot sur lequel tournaient toutes ses actions.

Révolté de ce nouveau trait du caractère du squatter, je m’éloignais de lui, quand des cris énergiques retentirent autour de l’habitation, et plusieurs décharges d’armes à feu se succédèrent rapidement. Me précipitent à la porte, j’arrivai à temps pour entendre le bruit des pas d’hommes qui semblaient courir dans toutes les directions, et, de temps en temps, on entendait un coup de fusil. Des voix s’appelaient avec énergie, dans la chaleur d’une poursuite et d’une lutte ; mais j’en étais réduit aux conjectures ; car l’obscurité était telle qu’il était impossible de distinguer aucun objet.

Je restai dans cet état d’anxiété pénible pendant cinq ou six minutes, le bruit s’éloignant de plus en plus, quand tout à coup un homme accourut à moi ; il saisit ma main, et je reconnus que c’était Frank Malbone. Des protecteurs nous étaient donc arrivés, et je n’étais plus captif !

— Dieu soit loué ! vous, du moins, vous êtes sain et sauf ! s’écria Malbone. Mais ma pauvre sœur ?

— Elle est auprès de son oncle mourant. Y a-t-il quelqu’un de blessé dehors ?

— C’est plus que je ne puis vous dire. Votre nègre nous a servi de guide, et il nous a conduits avec tant d’adresse que nous aurions pu cerner les squatters et les faire tous prisonniers sans brûler une amorce. Mais un coup de carabine partit de derrière un tronc d’arbre ; nos ennemis répondirent par une décharge qui fut suivie de quelques coups de feu de la part des nôtres. Alors les squatters ont pris la fuite

— Tant mieux, puisqu’ainsi nous pourrons peut-être éviter toute effusion de sang. Avez-vous une force suffisante pour les tenir en respect ?

— Assurément, j’amène trente hommes conduits par un sous-shérif. Il ne nous manquait que de mieux connaître la direction pour arriver quelques heures plus tôt.

Hélas ! ces quelques heures auraient suffi pour sauver la vie du pauvre porte-chaîne ! mais le mal était sans remède, et il fal-