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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/49

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dès qu’il se présentera une occasion favorable. Des enfants ! mais j’en raffole ; et mon regret a toujours été que les Littlepage en aient eu si peu, surtout des garçons. Non, Mordaunt, mon garçon, le plus cher désir de mon cœur est de vous voir marié convenablement, et de tenir dans mes bras une nouvelle génération de petits Littlepage. J’en ai déjà tenu deux, et rien ne manquera à mon bonheur sur la terre, si je puis tenir la troisième.

— Chère bonne maman, que dois-je conclure de tout cela ?

— Que je désire que vous vous mariiez, mon garçon ; et que ce désir est aussi celui de votre père, de votre mère, de votre sœur, de toute la famille.

— Et toute la famille désire que j’épouse la même personne, n’est-ce pas ?

Ma grand-mère sourit, mais elle ne répondit pas sur-le-champ ; peut-être trouvait-elle qu’elle avait été trop vite en besogne. Mais elle avait trop de simplicité et de franchise pour reculer, après s’être tant avancée, et elle résolut sagement de bannir toute réserve.

— Je crois que vous ne vous trompez pas, Mordaunt, dit-elle enfin : notre désir à tous est que vous deveniez amoureux le plus tôt possible ; que vous fassiez votre déclaration aussitôt après, et que le mariage se fasse dès que Priscilla Bayard aura donné son consentement.

— Voilà qui est clair, et il n’y a point d’équivoque possible. J’imiterai votre franchise, bonne maman, et d’abord je vous demanderai si vous ne pensez pas que ce soit bien assez d’une alliance de cette sorte entre deux familles ? Si Kate épouse le frère, quel grand mal y aurait-il à ce que je restasse insensible aux attraits de la sœur ?

— Savez-vous, Mordaunt, que Priscilla Bayard est une des plus jolies filles de la colonie d’York ?

— C’est de l’État d’York qu’il faut dire à présent, chère grand-mère. J’en conviens volontiers : miss Priscilla est charmante.

— Eh ! bien alors, que demandez-vous donc de plus ?

— Je ne dis pas qu’avec le temps je ne puisse prétendre à sa main ; mais ce temps n’est pas arrivé. C’est une affaire trop sérieuse pour qu’elle ne donne pas lieu à de graves réflexions ; et