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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/53

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mission semblable ? demanda Thomas, qui venait de nous rejoindre.

— André Coejemans n’est pas un porte-chaîne ordinaire. Il se charge de toute la besogne et prend avec lui un arpenteur, sous sa responsabilité, car il convient qu’il n’entend rien aux calculs. Je vous assure que, dans la colonie, c’est à qui lui accordera sa confiance.

— Ne dites-vous pas qu’il s’appelle Coejemans, major ? demanda Priscilla en affectant un air d’indifférence.

— Oui, mademoiselle, André Coejemans, et il est d’une famille respectable. Mais le vieil André a tant d’affection pour les bois, qu’il a fallu tout son patriotisme pour l’en faire sortir. Après avoir servi gravement pendant toute la durée de la guerre, il a repris son premier état, et il plaisante continuellement sur ce qu’il traîne toujours sa chaîne, lui qui a combattu si longtemps pour la liberté.

Priscilla parut hésiter ; il me sembla que son embarras augmentait. Cependant elle se décida à faire la question qui, évidemment, la préoccupait.

— Avez-vous jamais vu, me dit-elle, la nièce du porte-chaîne, Ursule Malbone ?

Cette question me surprit beaucoup. Je n’avais jamais vu Ursule ; mais son oncle m’avait parlé si souvent de sa pupille, que c’était presque pour moi une connaissance intime.

— Où donc, au nom du ciel, avez-vous pu la connaître ? m’écriai-je assez inconsidérément ; car, au bout du compte, le monde était assez grand pour que deux jeunes personnes eussent pu s’y rencontrer à mon insu ; d’autant plus que, de ces deux personnes, il y en avait une que je n’avais jamais vue ; et l’autre, je l’avais vue pour la première fois, il y avait quinze jours. — Le vieil André ne tarissait pas sur le compte de sa nièce ; mais je n’aurais jamais pensé qu’elle pût être connue d’une personne de votre position dans le monde !

— Pourtant, nous sommes plus que des compagnes de pension, car nous avons été, et j’espère que nous sommes encore, très-bonnes amies. J’aime tendrement Ursule, bien qu’elle soit