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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/56

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férence, si j’étais resté auprès d’elle un mois de plus. Mais la Providence en avait décidé autrement.

Pendant que nous nous en retournions à Lilacsbush, ma sœur m’apprit, avec l’embarras et l’hésitation convenable, qu’elle avait prononcé le oui fatal… Le mariage ne devait pourtant avoir lieu qu’à mon retour du Nord, au milieu de l’automne.

— Ainsi donc, Kate, je ne vous retrouverai que pour vous perdre de nouveau, dis-je avec une certaine tristesse.

— Pour me perdre, mon frère, non, non ! je serai au milieu d’une famille où vous viendrez bientôt vous-même chercher une femme.

— Et si je me présentais, quel motif aurais-je de me flatter de réussir ?

— C’est une question qui vous est interdite. Quand même j’aurais quelque raison de croire que vous ne seriez point mal accueilli, il me siérait bien, vraiment, d’aller trahir mon amie ! Nous autres demoiselles, nous ne sommes pas si simples que vous le supposez, monsieur ; et avec nous, il n’y a que la ligne droite pour arriver au but. Mais vous êtes joli garçon, d’une tournure agréable ; âge, fortune, famille, caractère, tout est en rapport ; je ne vois là que des motifs pour persévérer, mon brave major.

— Pour persévérer, petite sœur ! mais je n’ai pas encore commencé. Je ne sais, vraiment, que penser de votre amie ; c’est la perfection de la nature, ou la perfection de l’art.

— De l’art ! Priscilla artificieuse ! oh ! Mordaunt, un enfant ne saurait avoir plus de candeur et de naïveté que la sœur de Tom.

— Oui, c’est cela ; la sœur de Tom a nécessairement toutes les perfections ; mais vous voudrez bien considérer qu’il y a des enfants très-malins. Tout ce que je puis vous dire, pour le moment, c’est que Tom me plaît, que ses parents me plaisent, mais que je n’ai pas encore d’opinion arrêtée sur votre amie.

Catherine fut un peu piquée, et ne répondit rien. Cependant sa bonne humeur ne tarda pas à revenir, et nous nous mîmes à parler de choses et d’autres. Seulement le nom de Bayard ne fut plus prononcé, mais je suis bien sûr que ma compagne n’en