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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/70

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que depuis qu’il est revenu de l’armée, il regarde tout le monde du haut de sa grandeur, et qu’il n’y a plus moyen de lui parler.

— Vous connaissez donc le porte-chaîne ?

— Si je le connais ! Tinkum et moi nous avons demeuré longtemps de côté et d’autre, et le vieil André passait toute sa vie dans les bois. Il a commencé un arpentage pour nous dans un autre endroit ; mais il s’est conduit en fripon fieffé, avant d’avoir terminé la besogne, et certes, jamais plus nous ne l’avons employé.

— Le porte-chaîne un fripon ! Voilà des mots bien étonnés de se trouver ensemble ! Voyons, expliquez-vous.

— L’explication est bien simple Tinkum l’avait chargé de tracer une ligne de démarcation entre quelques acres de terre que nous avions achetées et le bien d’un voisin. C’était longtemps avant la guerre, lorsque les titres de propriété étaient encore plus rares qu’aujourd’hui. Savez-vous bien quelle fut la conduite de cet André, major ? d’abord il demanda nos titres ; nous les lui montrâmes, et il était impossible de rien voir de plus en règle. Il se mit alors à l’ouvrage, à lui tout seul, et la ligne était tracée jusqu’à moitié chemin, et j’espérais que nous allions être éternellement en paix avec notre voisin, avec lequel, depuis trois grandes années, nous étions continuellement en guerre ; quand, je ne sais comment, ce vieil imbécile découvrit que l’homme qui nous avait vendu par contrat n’avait pas de contrat lui-même ; par conséquent pas de droit sur la terre, et il nous refusa tout net ses services. Je vous dis que le porte-chaîne est un être sur lequel on ne peut pas compter.

— Bon et honnête André ! Je l’en aime et l’en estime encore davantage. Mais, dites-moi, y a-t-il longtemps que vous ne l’avez vu ?

— Un an à peu près, quand il est passé avec toute sa bande pour aller s’établir comme squatter sur vos terres, ou je me trompe fort. Il avait avec lui deux aides, Ursule et le jeune Malbone.

— Le jeune qui ? demandai-je avec un intérêt qui excita l’attention de l’hôtesse.

— Le jeune Malbone, celui qui fait tous les calculs pour le