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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/96

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Il était assez bizarre que, tandis que toutes les sectes s’accordent à dire que la religion chrétienne vient de Dieu, et que ses dogmes doivent être reçus comme les lois de la sagesse infinie, il se trouve cependant des hommes assez peu logiciens et assez présomptueux pour s’imaginer qu’un de ces préceptes puisse être affaibli ou fortifié, suivant qu’il concorde plus ou moins avec les institutions humaines. Autant vaudrait admettre de prime abord que le christianisme n’est pas d’origine divine, ou, ce qui serait plus absurde encore, que le système établi par Dieu même, peut être modifié suivant les vues étroites et bornées de l’homme. Néanmoins, il ne faut pas se dissimuler qu’ici, comme ailleurs, on cherche au mettre l’Église en harmonie avec les institutions, au lieu de mettre les institutions en harmonie avec l’Église. Sûr de ce premier succès, le confident du Modérateur n’en resta pas là.

— Monsieur le Modérateur, reprit-il, maintenant que la question a pris une nouvelle face, il est à propos que le parti qui a la majorité ne soit pas gêné dans ses opérations par la présence de la minorité. J’opine donc pour que ceux qui sont opposés au presbytérianisme se forment en comité secret, et qu’ils nomment une commission chargée de proposer la dénomination qui lui paraîtra la plus convenable. J’espère que la motion sera mise aux voix, sans discussion. Il s’agit de religion, et c’est un sujet sur lequel on ne saurait trop éviter tout débat.

Hélas ! que de tort n’a-t-on point fait à la cause du christianisme en étouffant ainsi la lumière, et en forçant les gens timides à adopter les projets des fourbes et des ambitieux ! Ces concessions apparentes et ces semblants de bonne foi masquent presque toujours les desseins les plus criminels.

Il n’y eut pourtant pas d’opposition ; car les assemblées populaires, une fois lancées dans une certaine voie, sont aussi faciles à conduire que le bâtiment qui obéit au gouvernail. On pense bien que la majorité fut la même ; c’est-à-dire que la moitié de l’assemblée déshérita de ses croyances l’autre moitié, en comptant l’homme qui avait été éloigné, et cela, d’après le principe que la majorité doit gouverner.

Les vainqueurs se réunirent alors dans le bâtiment de l’école,