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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/158

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même étoffe qui les cachaient entièrement. La tête était couverte d’une espèce de chaperon ou masque également en calicot, avec des trous pour les yeux, le nez et la bouche. Il n’y avait aucun moyen de reconnaître un homme ainsi équipé, à moins que ce ne fût à la taille dans le cas où elle serait remarquable en grandeur ou en petitesse. Un homme de taille moyenne était parfaitement à l’abri de tout examen, pourvu qu’il ne parlât pas. Ceux qui parlaient changeaient leur voix, et se servaient d’un jargon destiné à imiter l’anglais imparfait des indigènes. Quoique aucun de nous n’eût encore rencontré un seul individu de cette bande, nous reconnûmes aussitôt ces perturbateurs du repos public pour ce qu’ils étaient.

Ma première pensée fut de tourner notre véhicule et de fouetter notre pacifique coursier. Heureusement, avant de le tenter, je tournai la tête pour voir si le passage était libre, et je vis six autres Indgiens barrant la route derrière nous. La mesure la plus sage était donc de faire bonne figure ; en conséquence, je laissai le cheval continuer tranquillement son pas vers la ligne des hommes rangés devant nous, jusqu’à ce qu’il fût arrêté par un des Indgiens.

— Sago, Sago, cria celui qui semblait le chef et que je désignerai ainsi, comment va, comment va ? D’où venir, eh ! où aller, eh ? Que dire aussi ? vive la rente ou à bas la rente, eh ?

— Nous être teux Allemands, répliqua mon oncle Ro exagérant encore, son dialecte, tandis que j’étais furieusement tenté d’éclater de rire, en voyant des hommes parlant la même langue, recourir des deux côtés à de semblables moyens de déception. – Nous être teux Allemands, qui font aller endendre un homme brêcher sur la rente, et pour fendre des montres. Foulez-fous acheter montres, messieurs ?

Quoique ces vauriens sussent probablement qui nous étions, au moins dans notre condition empruntée, et eussent sans doute été avertis de notre approche, cette proposition réussit, et ils se mirent, à sauter, à gesticuler, à crier, pour montrer le plaisir qu’ils en éprouvaient. En un instant toute la bande fut autour de nous, avec huit ou dix hommes de plus qui sortirent des buissons les plus proches. Ils nous firent sortir de notre char avec une douce violence qui témoignait de leur impatience. Pour le coup, je m’attendais à voir disparaître tous les bijoux et toutes les montres, qui par bonheur, n’étaient pas de grand, prix. Qui pouvait,