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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/199

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l’avoir lu moi-même, depuis soixante ans ; elle s’élève terriblement contre eux. Je dirai cela aux Indgiens, la prochaine fois qu’ils voudront prendre mon wagon. La Bible s’oppose à ces pratiques.

— La Piple est un pon lifre.

— Certainement, certainement, et grande est la consolation, grande l’espérance que l’on trouve dans ses pages. Je suis charmé de voir qu’on apprécie la Bible en Allemagne. Je m’étais figuré que nous avions en Amérique tout ce qui restait de religion, et il est agréable de voir qu’il y en a encore en Allemagne.

Pendant tout ce temps, le vieux Holmes marchait en soufflant, mon oncle, pour jouir de son entretien, ayant mis le cheval au pas.

— Oh ! ya, ya, il reste encore quelque relichion dans le vieux monde, les buritains, comme fous les appelez, n’ont pas tout emborté.

— Fameuses gens, cela ! Nous devons toutes nos bonnes affaires à nos aïeux puritains. On dit que, tout ce qu’a l’Amérique, elle le doit à ces saints.

— Ya, et si cela n’est pas, qu’imborte ; car ils sont certains d’afoir toute l’Amérique.

Holmes était mystifié, mais il continua à pousser en avant, jetant sur notre wagon d’inquiets regards pendant qu’il tâchait de se maintenir en ligne. Dans la crainte que nous ne prissions une allure plus vive, il poursuivit la discussion.

— Oui, dit-il, la Bible, après tout, doit nous servir d’autorité en toutes choses. Elle nous dit que nous ne devons pas avoir de haine, et je tâche de me conformer à cette règle ; car un vieil homme, voyez-vous, ne pourrait même pas satisfaire ses ressentiments, quand il le voudrait. Je suis allé au village pour assister à un meeting anti-rentiste ; mais je n’ai pas de haine contre Hughes Littlepage, non, pas plus que s’il n’était pas mon propriétaire. Tout ce que je lui demande, c’est ma ferme à des conditions raisonnables. Je trouve très-dur et très-oppressif que les Littlepage nous refusent une habitation que nous avons cultivée pendant trois générations.

— Et ils sont confenus qu’ils fous fendraient la verme après trois générations ?

— Non, pas en propres termes, je l’avoue. Comme contrat, j’avoue que l’avantage est du côté de Littlepage. C’est justement ce dont nous nous plaignons, le contrat étant trop en sa faveur.