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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/221

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ciers ; nous ne nous occupions que de nous-mêmes et de nos sentiments. Enfin ma chère grand’mère me dit d’un air de bonne humeur :

— Tu dois avoir un heureux instinct, Hugues, pour découvrir où se cache la discrétion, car tu ne pouvais choisir une meilleure confidente que tu ne l’as fait ce matin en allant au village.

Mary rougit comme un ciel d’Italie au coucher du soleil, et baissa les yeux pour cacher sa confusion.

— Je ne sais trop, répondis-je, si c’était une question de discrétion ou de vanité, car j’éprouvais une répugnance invincible à passer aux yeux de mademoiselle Warren pour un musicien ordinaire des rues.

— Mais, Hughes, reprit la malicieuse Patt, je t’avais déjà dit que tu étais à ses yeux un musicien ambulant extraordinaire. Quant à la vielle, elle n’en disait pas grand’chose, mais, pour la flûte, oh elle en parlait tres-éloquemment.

— Marthe ! s’écria Mary Warren d’un ton réservé et presque de reproche, montrant qu’elle était réellement mal à l’aise. Mon excellente aïeule s’en aperçut et changea adroitement la conversation en offrant à M. Warren un plat de fruits.

Durant tout le repas, je compris qu’il existait entre Mary Warren et moi une secrète et mystérieuse communication qui échappait à l’observation des autres, mais était parfaitement sentie par nous. La conscience de cette vague sympathie se trahissait par la rougeur de Mary et même par ses yeux souvent baissés, dont l’embarras était pour moi d’une grande éloquence.


CHAPITRE XIX.


Avec un regard comme celui du patient Job dévoré de maux, avec des mouvements gracieux comme ceux de l’oiseau dans l’air, tu es, il faut le dire, le plus dangereux démon qui ait jamais serré de ses doigts crochus les cheveux d’un captif.
Habit rouge.


Parmi les habitudes les plus condamnables que nous ayons empruntées à l’Angleterre, est cette coutume pour les hommes de