Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et mademoiselle Marthe ; les armes que voici étaient dans la chambre des servantes, mais elle a pensé qu’elles seraient beaucoup mieux entre vos mains. Elles sont toutes chargées et sont d’une fameuse qualité.

— Assurément il n’y a pas encore occasion d’avoir recours à ces moyens, s’écria mon oncle Ro.

— On ne sait pas, M. Roger, quand l’ennemi peut se présenter. Nous n’avons eu que trois alertes depuis que ces dames sont arrivées, et fort heureusement, il n’y a pas eu de sang répandu, quoique nous ayons fait feu sur l’ennemi, et que l’ennemi ait fait feu sur nous. Quand je dis qu’il n’y a pas eu de sang répandu, cela veut dire de notre côté ; car il n’y a pas moyen de savoir si les anti-rentistes ont souffert, et ils n’avaient pas de bonnes murailles de pierre pour les protéger.

— Grand Dieu je n’avais nulle connaissance de cela ! Hughes, le pays est dans un état plus cruel que je ne le soupçonnais ; nous ne devrions pas laisser les dames ici passé demain.

Comme les dames auxquelles se rapportait la pensée de mon oncle ne comprenaient pas Mary Warren, je ne partageai pas entièrement son opinion à cet égard. Rien de plus, toutefois, ne fut ajouté à ce sujet, et peu après chacun de nous prit ses armes et se retira dans sa chambre.

Il était plus de minuit lorsque j’entrai chez moi, mais je ne me sentais aucune disposition à dormir. Ce jour avait été pour moi très-important, plein d’émotions, et j’étais encore tellement sous l’influence de tous ses incidents, que je ne songeais guère à mon lit. Bientôt le bruit des portes et des allées et venues ayant entièrement cessé, il y eut dans la maison un profond silence ; et je me mis à la fenêtre pour contempler la scène extérieure. La lune dans tout son éclat répandait assez de clarté pour rendre visible tout le premier plan du paysage. Le côté de la maison où je me trouvais dominait la route voiturable, la ferme de Miller, l’église, le presbytère, demeure de Mary, et une longue suite de fermes répandues dans la vallée et sur le large flanc de la colline qui s’étendait à l’ouest.

Toutes choses, de près et de loin, paraissaient ensevelies dans le calme d’une profonde nuit. John avait placé la lampe dans mon cabinet de toilette et fermé les volets intérieurs ; mais je m’étais assis à une fenêtre de la chambre à coucher, hors des rayons, de la