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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/25

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appartient au méchant et à l’homme d’intrigue. Il existe, j’en conviens, des philanthropes zélés, mais en si petit nombre qu’ils ne sauraient prévaloir contre les menées d’une opposition mercenaire. Non, non ; il ne faut rien attendre, dans un sens politique, de l’activité de la vertu, tandis qu’il y a beaucoup à se défendre contre l’activité du vice.

— Vous ne considérez pas l’humanité sous un point de vue très-favorable, Monsieur.

— Je parle du monde comme je l’ai trouvé dans les deux hémisphères, ou, comme le dit ton voisin le magistrat Newcome, dans les quatre hémisphères. Notre chambre représentative n’est, au plus, qu’une moyenne des qualités de toute la république, dont il faut encore soustraire quelque chose, par la raison que des hommes d’un mérite réel ont pris en dégoût un état de choses qui offre peu d’attraits à leur esprit et à leurs habitudes. Mais revenons aux griefs des tenanciers. Je crois que je ne me suis pas fait comprendre ?

— Parfaitement, Monsieur il suffit, pour bien juger cette affaire, de remonter à l’origine des contrats. Le tenancier n’avait aucune espèce de droits avant qu’il en obtînt par le bail ; il ne peut par conséquent avoir d’autres droits que ceux que le bail lui donne.

— Ensuite on crie au privilége féodal, parce que quelques-uns des fermiers des Rensselaer, sont obligés de donner au propriétaire quelques journées de travail, et même parce qu’ils ont à payer annuellement une couple de volailles. Mais nous avons vu assez de l’Amérique, Hughes, pour savoir que la plupart des cultivateurs seraient enchantés d’avoir le privilége de payer leurs dettes en volailles et en journées de travail plutôt qu’en argent, ce qui rend les plaintes d’autant plus déplacées. Qu’y a-t-il d’ailleurs de plus féodal dans cette obligation du fermier envers le propriétaire, que dans celle d’un boucher qui s’engagerait à fournir une certaine quantité de viande pendant un certain nombre d’années, ou d’un entrepreneur de diligences qui s’engagerait à fournir pour la malle une voiture à quatre chevaux ? Personne ne se plaint de la rente en blé, pourquoi se plaindrait-on de la rente en volailles ? Est-ce parce que nos fermiers républicains sont devenus eux-mêmes tellement aristocrates, qu’ils n’aiment pas à passer pour des marchands de volailles ? Ces dignitaires devraient savoir que si c’est plébéien de fournir des volailles, c’est aussi plébéien de