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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/275

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cependant, il se fit une clameur dans la cour, et le terrible cri de guerre des sauvages retentit dans les airs. Ce cri me sembla venir du dehors ; me précipitant vers la petite porte, j’atteignis la pelouse, et alors se dévoila tout le mystère. Une grange étendue, toute pleine de la récolte de foin de l’année passée, était la proie des flammes, dont les langues fourchues s’agitaient à une hauteur de plus de cent pieds. C’était simplement un nouvel argument contre les tenures à bail et en faveur de l’esprit des institutions. L’année prochaine il pourra figurer dans le message d’un gouverneur, ou dans le discours philanthropique de quelque orateur d’Albany. Doit-on permettre un contrat qui engage des hommes libres à mettre le feu aux granges ?

La grange incendiée était située dans la plaine, au-dessous de la colline, à un demi-mille de la maison, et la conflagration produisait d’immenses jets de lumière. La perte, pour moi, n’excédait pas quelques centaines de dollars, et quoique cet argument spécial en faveur de l’anti-rentisme ne fût pas entièrement agréable, il n’était pas si grave qu’il aurait pu l’être si l’on eût entrepris d’autres bâtiments. Enfin je n’étais pas tellement affecté de cette perte que je ne pusse jouir de la beauté du spectacle, surtout quand mon oncle m’eut appris que Dunaing avait assuré la grange à la compagnie mutuelle de Saragota ; cela devait faire supporter aux tenanciers une part dans la perte occasionnée par leur propre folie.

Comme il était trop tard pour songer à sauver la grange et les meubles, et que Miller et ses gens s’étaient déjà portés sur les lieux pour veiller à ce que les objets environnants fussent préservés des flammèches qui volaient de toutes parts, il ne nous restait rien à faire que de demeurer spectateurs passifs. Et en vérité, le spectacle était digne d’être, vu et mérite d’être décrit.

La lumière de l’incendie se reflétait à une grande distance, et ce qui était le plus remarquable dans cette scène pittoresque, c’était de voir les vrais et les faux Peaux-Rouges, les Indiens et les Indgiens se mouvoir à travers les prairies, séparés les uns des autres par la grange en flammes, ce qui les empêchait de s’apercevoir mutuellement.

Les Indiens s’étaient formés avec beaucoup d’ordre, et s’avançaient avec précaution vers l’autre partie, se traînant à quatre pattes ou rampant comme des chats sauvages. Les Indgiens, au nombre