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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/348

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« Mes frères, l’intègre Onondago n’a jamais été dans les buissons pour cacher sa honte. Il n’en a pas eu besoin. Il ne s’est jamais dit qu’il était méchant. Il n’a pas mis sa face dans un sac de calicot ; il ne peut se peindre comme un Face-Pâle.

« Mes frères, écoutez ; je veux vous dire une histoire. Autrefois, il y a longtemps, toutes choses ici étaient différentes. Les éclaircies étaient petites et les forêts étendues. Alors, les hommes rouges étaient beaucoup, et les Faces-Pâles peu. Maintenant, c’est différent. Vous savez ce qu’il en est aujourd’hui.

« Mes frères, je parle de ce qui existait il y a cent hivers. Nous n’étions pas nés alors. Susquesus était alors jeune, fort et actif. Il était chef, parce que ses pères étaient chefs avant lui. Les Onondagoes le connaissaient et l’aimaient. Il ne s’ouvrait pas de sentier de guerre sans qu’il y fût le premier. Aucun autre guerrier ne pouvait compter autant de chevelures. Aucun autre chef n’avait autant d’auditeurs au feu du conseil. Les Onondagoes étaient fiers d’avoir un si grand chef et si jeune. Ils croyaient qu’il vivrait longtemps et qu’ils le verraient, et qu’ils seraient fiers de lui pendant plus de cinquante hivers.

« Mes frères, Susquesus a vécu deux fois cinquante ans de plus, mais il ne les a pas passés au milieu de son peuple. Non ; il a été tout ce temps un étranger parmi les Onondagoes. Les guerriers qu’il a connus sont morts. Les wigwams où il est entré sont tombés à terre ; les tombes sont en poussière, et les enfants des enfants de ses compagnons marchent appesantis par l’âge. Susquesus est là ; vous le voyez ; il vous voit. Il peut marcher, il parle, il voit, il est une tradition vivante ; Pourquoi en est-il ainsi. Le Grand Esprit ne l’a pas rappelé. Il est un Indien juste, et il est bon qu’il reste sur terre, afin que tous les hommes rouges sachent combien il est aimé. Tant qu’il sera ici, aucun homme rouge n’aura besoin d’un sac de calicot.

« Mes frères, les jeunes années de Susquesus le Sans-Traces furent heureuses. Quand il eut vu trente hivers, ou parlait de lui dans toutes les tribus voisines. Les entailles des scalps étaient en grand nombre. Quand il eut vu trente hivers, aucun chef des Onondagoes n’avait plus d’honneur et de pouvoir. Il était le premier parmi les Onondagoes. Il n’y avait qu’un défaut en lui. Il ne prit pas une squaw dans son wigwam. La mort vient quand on ne la recherche pas ; il en est de même du mariage. Enfin, mon père