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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/353

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bruit lui vint que nous étions assiégés, et il devenait nécessaire d’avoir recours à quelques manœuvres pour introduire du secours dans la place. Dunning était familier avec tous les détours et toutes les issues de la maison, ayant passé bien des mois à Ravensnest avec mon oncle et mon père ; il connaissait la situation exacte de la colline, de la cour et des autres particularités de l’endroit. Parmi les arrangements qui avaient été faits dans les dernières années, on avait ouvert une porte à l’extrémité de la longue galerie qui conduisait à travers une des ailes, et l’on avait construit contre les rochers un escalier, au moyen duquel on pouvait atteindre les sentiers qui serpentaient dans les prairies, en suivant les contours des eaux. Dunning résolut de s’introduire par ce côté, espérant se faire entendre de quelques personnes de l’intérieur, s’il trouvait la porte fermée. Toutes choses réussirent à souhait ; la cuisinière étant seule à son poste, l’aperçut au moment où il se présentait sur le haut des marches ; et Jack Dunning était si bien connu chez nous, que l’excellente femme n’hésita pas à l’admettre. Il pénétra ainsi dans les bâtiments, suivi de tous ses compagnons. Ces derniers furent cachés dans les chambres, tandis que lui-même et le shérif descendirent vers la porte, d’où il entendit la plus grande partie du discours de Vol-d’Aigle. Le lecteur sait le reste.

Je dois en même temps ajouter qu’Opportunité qui, de sa place dans la bibliothèque, avait vu entrer Dunning et ses hommes, ne se trouva pas plus tôt seule avec les prisonniers, qu’elle les débarrassa de leurs liens, et les fit échapper par la même voie. Au moins telle fut ma supposition ; car la sœur ne fut jamais interrogée à ce sujet. Sénèque et son complice disparurent, et on ne les a plus revus dans cette partie de la contrée. Par suite de leur absence, personne n’a porté plainte sur la tentative d’incendie.

Lorsque je regagnai le portique, après avoir placé Sénèque dans la bibliothèque, les Indgiens, comme je l’ai dit, s’étaient retirés en arrière tandis que les hommes rouges se tenaient immobiles, la main sur leurs armes et prêts à s’élancer, mais maintenus par le calme avec lequel leurs chefs suivaient la marche des événements. Le shérif alors somma les premiers de se disperser, comme violateurs de la loi, les menaçant de toutes les peines prévues, d’une voix assez distincte pour se faire entendre de tous. Pendant un moment, les Indgiens parurent indécis. Mais tout à coup le