Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous ne sommes pas encore mariés, mais le jour est fixé. Il en est de même pour les deux pupilles, et je dois ajouter que souvent Patt rougit et ma grand’mère sourit, lorsqu’on parle de personnes qui voyagent actuellement en Égypte. Les dernières lettres du jeune Beckman annoncent qu’il se trouve dans ce pays. Les trois mariages doivent avoir lieu dans l’égtise de Saint-André, M. Warren s’étant engagé à officier.

Le lecteur sera surpris d’apprendre deux choses : Mon union avec la fille d’un pauvre recteur a produit un grand scandale parmi les anti-rentistes. Eux qui déclament si hautement contre l’aristocratie, prétendent que c’est un mariage mal assorti sous le rapport de l’égalité. L’égalité qui est la conséquence des positions sociales, de l’éducation, de la similitude des goûts, des pensées, et, si l’on veut, des préjugés, n’est pas comprise par de telles gens ; mais ils comprennent bien que le propriétaire d’un beau domaine est plus riche que l’héritière d’un pauvre ministre, qui peut à peine recueillir cinq cents dollars par an. Je les laisse grogner, sachant bien qu’ils trouveront toujours à redire à tout ce qui me concerne, jusqu’à ce qu’ils aient mes terres, ou qu’ils soient bien convaincus qu’ils ne pourront pas les avoir. Quant à Opportunité, on m’assure qu’elle menace de me poursuivre pour violation d’une « promesse de mariage, » et je ne serais pas étonné qu’elle en fît la tentative. Quand une personne porte toutes ses vues vers un objet particulier, il arrive souvent qu’elle imagine des circonstances favorables à ses vues qui n’ont jamais existé, et Opportunité peut croire que ce que j’ai entendu a été proféré par moi.

Jaaf déchoit terriblement. Le vieux noir fait de temps à autre entendre ses sentiments sur les événements passés et sur l’état du pays. Un anti-rentiste est par lui regardé comme un voleur, et il ne se gêne pas pour le dire. Quelquefois il murmure quelque bonne remarque sur ce sujet, et pas plus tard que hier, il faisait quelques réflexions qui méritent d’être rapportées.

— Que veulent ces gens, maître Hughes ? disait-il. Ils ont une moitié de leur fermes, et maintenant ils veulent avoir l’autre moitié. Supposez que j’aie en association une vache ou un mouton, quel droit aurais-je de dire que je veux l’avoir en entier ? Dieu ! il n’y avait pas de telles lois dans le vieux temps. Et puis, qui a jamais vu de si tristes Indgiens ? Peau-Rouge assez dés-