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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/125

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lequel il nous conduit. Marc avait reçu une éducation religieuse, et il était disposé naturellement à donner à l’examen de cette question capitale l’attention sérieuse qu’elle demandait ; mais les circonstances graves dans lesquelles il se trouvait placé ne contribuaient pas peu à éclaircir tous les doutes qui auraient pu l’assaillir. Privé de tous rapports avec ses semblables, jeté sur un rocher au milieu de l’Océan, il était en communication plus intime et plus directe avec son Créateur que s’il eut été au milieu du monde. Sur le Récif, rien ne pouvait détourner ses yeux du but final qui pour lui avait manqué d’être si rapproché, et les maux mêmes qui étaient venus fondre sur lui avaient donné un nouvel élan à sa reconnaissance en faisant ressortir, par le contraste, les innombrables bienfaits que lui prodiguait encore la main qui l’avait châtié. Les heures de la nuit sont les plus agréables sous cette latitude pendant la saison où l’on était arrivé : c’étaient celles que notre solitaire choisissait pour faire un peu d’exercice lorsque ses forces commencèrent à revenir, et l’aspect du beau ciel étoilé qui scintillait sur sa tête était éminemment favorable au développement des réflexions qui l’occupaient.

Autant qu’il a pu être donné à l’esprit humain de pénétrer les mystères de notre condition ici-bas, la chaîne qui lie le passé et l’avenir se rattache à un plan général d’où découle l’harmonie de tout l’univers. Nous avons lu quelque part que la croyance des Bohémiens est que les hommes sont des anges déchus, qui s’efforcent de remonter le sentier fatal par lequel ils se sont précipités autrefois à la perdition. Approfondissons l’idée qui a donné naissance à cette légende. Quand même la révélation ne nous l’apprendrait pas, ne sentons-nous pas dans notre for intérieur que nous ne sommes placés ici que pour nous préparer à un état d’existence plus noble et plus élevé ? Ainsi, il est dit que notre science doit augmenter à mesure que nous approchons de l’époque millénaire, jusqu’à ce que la connaissance du Seigneur soit répandue sur toute la terre comme les eaux sur l’Océan. Il se peut, il est même probable que ce