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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/130

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dont Marc raffolait, et il était sûr maintenant d’en avoir toute l’année. Encore un préservatif certain contre le scorbut, à ajouter aux melons et aux autres légumes, sans parler des œufs, des poulets, et du poisson frais surtout, dont il ne savait que faire. Si dans le premier moment de son isolement sur un roc stérile, notre ami avait pu craindre un moment les atteintes de la famine, il était complètement rassuré son Cratère, comme presque tous les volcans éteints, lui promettait une fertilité sans bornes.

Quand Marc fut rentré en possession complète de sa santé, il voulut mettre de l’ordre dans la distribution de son temps, et il en fit trois parts l’une pour le travail, la seconde pour la méditation, la dernière pour le plaisir. Le plaisir ! c’est un mot qui paraîtra peut-être bien ambitieux pour le genre d’amusements que pouvait se procurer notre pauvre ermite. Cependant il n’en était pas entièrement dépourvu. Il étudiait les mœurs des oiseaux de mer qui se rassemblaient par milliers sur les rochers voisins, bien qu’il y en eût si peu qui s’aventurassent sur le Cratère. Il allait leur rendre de fréquentes visites, unissant autant que possible l’utile à l’agréable, et ajoutant chaque fois à sa provision d’herbes marines. Il mit deux mois à en composer une espèce de meule, qu’il voulait laisser reposer pendant l’hiver pour s’en servir seulement au printemps. Nous parlons d’hiver et de printemps, ne sachant quels autres termes employer pour marquer la division de l’année ; mais, à bien dire, il n’y avait pas d’hiver. Seulement, à cette époque, l’herbe poussait plus verte encore et plus vigoureuse, par suite de l’abaissement de la chaleur. Il y avait même des endroits où elle formait une pelouse véritable ; la nature, dans ce climat privilégié, ne mettant pas à ses productions le quart du temps qu’il lui faudrait dans des zones plus tempérées. Les racines s’étendaient d’elles-mêmes, s’insinuaient dans des crevasses imperceptibles, et, soulevant la croûte qui couvrait le sol, ouvraient un libre passage, à l’air et à l’eau, qui n’y avaient jamais pénétré. C’était surtout dans la plaine du Cratère que cet effet était sensible. Elle offrait un tapis de verdure qui rappelait les plus frais pay-