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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/138

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à obéir au gouvernail, Marc éprouva la même impression que s’il avait trouvé un nouveau compagnon. Jusqu’alors il n’avait eu que Kitty pour lui en tenir lieu mais cette embarcation lui rappelait tous ses plaisirs d’enfance. N’avait-il pas sa barque sur la Delaware, et que de parties délicieuses il avait faites sur la rivière ! Il n’avait pas couru deux ou trois bordées qu’il se surprit à parler à sa Brigitte et à lui donner ses ordres, comme si elle pouvait l’entendre. Comme la brise soufflait toujours dans la même direction, il passa entre le Récif et le Rocher du Limon, doubla ta pointe de l’île, et arriva au bassin dans lequel le Rancocus était amarré. Il fit le tour du bâtiment, comme pour lui faire admirer son embarcation et, serrant le vent, il entra dans la passe par laquelle Bob et lui avaient pénétré jusqu’à l’île.

Il était assez facile d’éviter ceux des brisants qui pouvaient offrir des dangers pour le petit bateau : l’écume blanche de la mer les indiquait suffisamment ; mais d’ailleurs il y avait assez d’eau sur presque tous les récifs pour que la Brigitte pût les franchir impunément. Marc avança donc par courtes bordées jusqu’à ce qu’il trouvât les deux bouées entre lesquelles le Rancocus avait passé si heureusement. La Brigitte n’eut pas moins de bonheur, et Marc gouverna dans la direction où il s’attendait à trouver l’écueil sur lequel le Rancocus avait donné. Il ne tarda pas à le découvrir. La bouée de l’ancre de poste flottait toujours là, sentinelle attentive. Marc saisit la corde et se hala sur elle, après avoir amené ses voiles.

La Brigitte était alors amarrée par l’orin de l’ancre du Rancocus, et l’idée vint au jeune marin de tirer parti de cette circonstance. Il était tout près du récif, pour ne pas dire sur le récif lui-même. Ce sont des endroits où le poisson abonde. Il avait à bord ses instruments de pêche : il jeta la ligne, et retira un magnifique poisson. Chaque épreuve fut suivie d’un résultat pareil, et c’était à peine s’il avait le temps de mettre l’amorce à l’hameçon ; et tous les poissons étaient plus beaux que ceux qu’il trouvait près de son île. Il lui suffit d’une demi-heure pour