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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/145

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qu’il est souvent aussi difficile d’en préciser la cause, lorsqu’il s’agit de phénomènes célestes, que lorsque nous voulons analyser les divers mobiles des actions des hommes. Quoique formés de la même substance et gouvernés par les mêmes passions, combien ne nous trompons-nous pas dans nos jugements, même lorsque nous y apportons le plus de bonne foi et d’attention !

À la première vue, Marc eut assez de peine à distinguer le caractère dominant des différentes masses d’eau qui l’entouraient. Les unes étaient de petits lacs que l’évaporation ne manquerait pas de faire disparaître, aucune communication n’existant entre eux et la pleine mer. D’autres devaient être de véritables bras de mer, puisqu’ils se prolongeaient sans interruption à perte de vue. C’était notamment dans cette dernière classe qu’il rangeait la ceinture d’eau qui environnait le Récif, était-ce complètement ? c’est ce qu’il ne pouvait encore décider d’une manière positive car, du point où il était placé, il lui était impossible de déterminer si le Récif ne communiquait point directement à une longue chaîne de rocs et de bas-fonds qui se prolongeait dans la direction de l’ouest. L’Île du Guano et le Rocher du Limon tenaient évidemment à cette masse compacte ; ce n’étaient plus des îles isolées, mais seulement des parties inhérentes à la grande montagne volcanique. Néanmoins le bras de mer qui coulait autour du Récif baignait également les bases de ces deux entrepôts importants, et Marc reconnut avec plaisir qu’il pourrait continuer à transporter les précieux engrais qu’ils renfermaient au moyen du radeau ou du bateau.

La situation du Rancocus devint ensuite pour Marc l’objet de l’examen le plus attentif et le plus approfondi. Il était évident qu’il était toujours à flot, au milieu du bassin ; mais pour mieux se convaincre de l’état des choses, il monta sur son canot et alla continuer de plus près ses observations autour du bâtiment. L’eau était si limpide qu’il était facile de distinguer le fond à une profondeur de plusieurs brasses ; et il vit qu’entre le fond et la quille il n’y avait guère que deux à trois pieds d’eau. Or,