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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/147

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dans la terre n’éprouve rien de comparable à la joie qu’à la vue de son trésor, d’un prix inestimable à ses yeux, éprouva le jeune ermite, si nous pouvons donner ce nom à notre ami qui ne s’était pas retiré volontairement du monde, et qui adorait Dieu moins par esprit de pénitence que par un profond sentiment d’amour et de gratitude.

Marc tout aussitôt creusa dans le sable un petit bassin, qu’il entoura de pierres. En moins de dix minutes, il était rempli d’une eau presque aussi limpide que l’air, et du goût le plus agréable. Marc ne pouvait s’en détacher, mais il pouvait être dangereux de trop boire, même de ce liquide délicieux, et pour résister plus sûrement à la tentation, il poursuivit son exploration.

Arrivé à l’endroit le plus étroit de la pointe, il reconnut que les deux rocs n’étaient point contigus, comme il l’avait présumé, et que le Récif était toujours une île. Le canal qui séparait les deux pointes de rochers n’avait pas plus de vingt pieds de large, quoiqu’il eût deux fois cette profondeur. Retourner au chantier, y prendre une planche, en faire un pont, et à l’aidé de ce pont passer sur son nouveau territoire, ce fut pour notre jeune ami l’affaire de quelques instants. Il trouva dans les cavités des rochers une assez grande quantité de poissons que la mer y avait laissés en se retirant, mais, découverte plus précieuse et plus inattendue ! il rencontra tout près du pont une seconde source d’eau douce, beaucoup plus considérable que la première. L’eau de cette source, qui traversait un banc de sable de quinze à vingt acres d’étendue, avait rencontré dans son cours une sorte de réservoir naturel ou elle formait un petit lac, et le trop plein allait se jeter dans la mer.

Marc ravi ne voulut pas garder son bonheur pour lui tout seul, et il retourna de nouveau au Récif pour chercher son troupeau. Arrivé au pont, il plaça une seconde planche à côté de l’autre, puis il fit passer toutes ses bêtes l’une après l’autre dans ses nouveaux domaines car il avait pris tant d’ascendant même sur les canards qu’ils accouraient tous à sa voix. Quant à