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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/171

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gnol, dont Bob ne comprit jamais bien la cause, et qu’il ne tenta même pas d’expliquer, Ooroony partit précipitamment, sans prendre congé de son nouvel ami, mais en lui envoyant des excuses dont tout ce que celui-ci put démêler, c’est que son compagnon avait tout autant de peine à se séparer de lui, que de plaisir à planter là le capitaine espagnol.

Cet abandon ne laissait d’autre alternative à Betts que de rester dans l’île aux Perles, ou de s’embarquer sur le brick qui devait appareiller le lendemain matin. On s’imagine aisément qu’il prit ce dernier parti. Débarqué à Panama, il traversa l’isthme, et arriva Philadelphie moins de cinq mois après son départ involontaire du Récif. Sans doute il fut favorisé par un concours heureux de circonstances ; mais qu’on me parle d’un vieux loup de mer pour les mettre à profit !

Les armateurs du Rancocus, à qui Betts alla raconter son histoire, abandonnèrent toute prétention sur le bâtiment, ne se souciant pas de risquer une bonne somme pour tâcher de recouvrer une mauvaise créance. Ils retombèrent sur les assureurs et firent prêter serment à Bob que le bâtiment s’était perdu ; serment qui, soit dit en passant, devint la base d’un procès qui dura pendant toute la vie de l’Ami Abraham White.

Brigitte reçut en même temps les confidences de Bob, et elle les accueillit par des torrents de larmes. La sœur de notre héros, Anne, ne se montra pas moins émue. Il paraît que Bob arrivait à temps. Comme il y avait plus de trois mois que le bâtiment devait être de retour, le docteur Yardley s’était efforcé de persuader sa fille qu’elle était veuve, si toutefois, ce que depuis quelque temps il était assez disposé à contester, elle avait jamais été mariée légalement.

Le fait est que la guerre s’était ranimée plus vivement que jamais entre les médecins de Bristol, par suite de l’arrivée d’un certain nombre de malades qui étaient venus s’y faire soigner, pendant que la fièvre jaune sévissait à Philadelphie. Des soins de propreté plus minutieux et des bains fréquents paraissent avoir arrêté maintenant le développement de cette affreuse