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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/193

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et tous trois avaient quitté successivement le bord. Bigelow avait pris la route de Panama, où les beaux yeux de Thérèse l’avaient fixé, ainsi que nous l’avons raconté. Peters avait retrouvé Jones dans ses courses vagabondes, et il y avait deux ans qu’ils erraient au milieu des Îles-aux-Perles, ne sachant que faire de leurs personnes, lorsque Waally leur avait offert de les accompagner dans l’expédition qu’il méditait. Tout ce qu’ils avaient pu comprendre, c’était qu’il s’agissait de piller, et de massacrer au besoin, une troupe de chrétiens, et ils avaient accepté, dans l’espoir de trouver quelque moyen de venir en aide aux gens menacés d’une telle agression.

Peters en était là de son récit, quand des cris se firent entendre au milieu du camp des naturels. Il n’eût pas été prudent de rester un moment de plus. Jones s’élança à bord ; Peters eut un moment d’hésitation : on sut plus tard qu’il avait épousé une Indienne à laquelle il était très-attaché, et dont il lui coûtait de se séparer. Mais au moment où la pinasse allait mettre à la voile pour gagner le large, il suivit Jones, sans presque se rendre compte de ce qu’il faisait, et ce ne fut que lorsqu’il se trouvait déjà à un demi-mille en-mer, qu’il exprima des regrets de ce qu’il appelait sa mauvaise action. Son compagnon le consola en lui disant qu’il se présenterait quelque occasion d’envoyer un message à Petrina — c’était le nom qu’ils avaient donné à la jeune sauvage — et que tôt ou tard elle trouverait moyen de le rejoindre.

Avec un renfort si important, Bob n’hésita pas à se mettre en mer, laissant Waally faire les découvertes qu’il pourrait. Si les naturels gravissaient les points les plus élevés de la montagne, ils ne pouvaient guère manquer d’apercevoir la fumée du volcan et le Pic-de-Vulcain, quoique le Récif fût heureusement hors de la portée de leurs observations. Peut-être tenteraient-ils la traversée d’une montagne à l’autre ; c’était une entreprise hasardeuse que de naviguer en droite ligne contre le vent. Si les deux matelots avaient été encore avec eux, ils auraient pu leur apprendre à triompher du vent et de la lame ; mais abandonnés à