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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/196

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tèrent au Pic, confiées aux soins d’Heaton et des deux matelots.

Bob Betts ne revenait pas des changements qui s’étaient opérés au Récif. Il marchait à pied sec là où il passait naguère en radeau. Le Cratère était aussi presque méconnaissable. C’était à présent une colline couverte du plus beau tapis de verdure, et Kitty avec sa nouvelle compagne mettaient bon ordre à ce que l’herbe ne devînt pas trop longue. Quand il en visita l’intérieur, sa surprise ne fut pas moins grande. Sans parler du jardin qui était en plein rapport, quoiqu’il eût besoin de quelques coups de bêche, il y avait alors un grand pré qui ne demandait qu’à être fauché. Marc l’avait remarqué dans sa dernière visite, aussi Socrate avait-il apporté sa faux.

Le lendemain matin, tout le monde se mit sérieusement à l’ouvrage. Les deux blanchisseuses établirent leurs baquets près de la source, et furent bientôt dans l’eau de savon jusqu’aux coudes. Pendant que la faux commençait son service, — et Socrate y allait de tout cœur, — les autres marins transportaient les caronades du Rancocus à bord de la pinasse. Les munitions suivirent, et quelques barils de bœuf et de porc salé furent mis aussi sur la Neshamony. Ce n’était pas une nourriture dont Marc fût très-friand, maintenant qu’il avait des œufs, du poisson et de la volaille en abondance ; mais les matelots n’en disaient pas autant, et c’était une fantaisie qu’il était facile de satisfaire.

La journée se passa à charger la pinasse et à prendre divers arrangements. Les porcs étaient venus tous rendre leur visite. Marc en tua un pour les besoins de la cuisine. Il envoya Bob pêcher à son endroit favori, près du Rocher du Limon, et Bob revint avec près de cent poissons. Vers dix heures du soir, la Neshamony appareilla. Marc tint le gouvernail jusqu’à ce qu’il fût en pleine mer, et alors il le remit à Bob. Bigelow était resté à bord du Rancocus pour passer une inspection générale des bois de construction dont il restait encore de grandes piles entre les ponts et à fond de cale, ainsi que la famille Socrate qui, à la buanderie comme dans le pré, avait encore de l’ouvrage pour plusieurs jours.