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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/209

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débarquer sur le volcan, stupéfaits et tremblants du spectacle qu’il leur offrait et qui était tout nouveau pour eux, mais forcés d’y chercher un refuge, comme l’oiseau de terre vient reposer ses ailes fatiguées sur les agrès d’un navire, quand une bourrasque inattendue le chasse du rivage. Au moment où ils avaient été vus, ils s’apprêtaient à repartir, sachant alors la direction qu’ils devaient prendre, puisque du volcan on voyait le Pic.

Marc les questionna avec beaucoup de soin sur les projets de Waally. Uncus était intelligent pour un sauvage, et il savait s’expliquer très-bien. Il pensait que les Indiens profiteraient du premier jour de calme, ou du moins de brise légère, pour effectuer la traversée. Suivant lui, la troupe était nombreuse et pleine d’ardeur. Ils n’avaient en leur possession qu’une douzaine de vieux fusils, avec un peu de balles et de poudre, mais, depuis la désertion des deux matelots, il ne restait personne qui pût en tirer grand parti. Néanmoins ils étaient en si grand nombre, ils avaient tant d’armes de leur invention qu’ils savaient manier avec une adresse fatale, et ils étaient si animés par l’espoir du butin qu’ils attendaient, que, suivant Uncus, il n’y avait pour les colons qu’un parti à prendre : c’était d’aller gagner à l’instant quelque autre île, s’ils savaient où il y en avait une, dussent-ils même abandonner la plupart de leurs effets à leurs ennemis.

Mais notre gouverneur ne partagea nullement cet avis. Il connaissait la force de sa position sur le Pic, et il n’était nullement d’humeur à l’abandonner. Sa grande préoccupation était pour le Récif, qu’il était bien plus difficile de défendre. Comment mettre à la fois le Cratère, le bâtiment, le schooner en construction et les troupeaux disséminés sur une si grande étendue de terrain, à l’abri des déprédations des sauvages, et quelles forces pouvait-il opposer à leurs cent canots ? Même en comptant Uncus, qui s’enrôla avec empressement dans sa petite troupe, son effectif ne se composait que de huit hommes. Ajoutez deux ou trois femmes qui pourraient être employées au transport des munitions, ou être placées en sentinelles, tandis que les autres garderaient les enfants, veilleraient au troupeau, etc.