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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/234

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peut-être de quelques agrès avec une ancre ou deux, parut agir d’abord dans l’intérêt de son maître. Il conduisit la flotte sur les bords des îles jusqu’à ce qu’il eût trouvé un port favorable pour aborder. Tous les canots y entrèrent, et comme on trouva un banc de sable avec de l’eau douce en abondance, on y établit le camp pour passer la nuit. Il restait quelques heures de jour, et les premières dispositions étant prises, Brown proposa à Waally de pousser une reconnaissance avec les deux canots les plus rapides. Les hommes qui furent employés à cette expédition étaient ceux dont l’approche avait donné l’alarme au gouverneur. Ce ne fut pas seulement l’embarcation qui fut aperçue des explorateurs, ils étaient assez près du Récif pour distinguer le Cratère, et même les mâts du bâtiment. C’était là une découverte bien autrement importante que celle des îles mêmes ! Waally, en y réfléchissant, conclut que c’étaient là, après tout, les terres que Heaton et ses compagnons étaient venus chercher, et qu’il devait y trouver les vaches qu’il avait déjà vues une fois, et dont la possession valait pour lui tous les trésors du monde. Ooroony avait eu la faiblesse de permettre à des étrangers, possesseurs d’objets si précieux, de traverser ses îles ; mais lui, Waally, n’était pas homme à imiter une pareille folie. Brown, dès lors commença à penser que les blancs qu’il cherchait étaient là ; ce qui semblait l’indiquer, c’était la présence du bâtiment. Il supposa que c’étaient des pêcheurs de perles qui en approvisionnaient les marchés de Canton. Il était possible qu’une colonie se fût établie dans ce lieu inhabité, et que les colons dont ils avaient entendu parler si souvent fussent venus s’y installer avec leurs provisions et leurs troupeaux. Il ne vint pas un seul instant à l’esprit de Brown que ces mâts qu’il apercevait pussent être ceux du Rancocus ; mais c’était assez pour lui et pour Wattles que ces colons fussent des chrétiens, et, suivant toute probabilité, des hommes de race anglo-saxonne. Les deux marins n’eurent pas plus tôt acquis la certitude que les canots d’exploration faisaient fausse route, et ne pourraient pénétrer plus avant, qu’ils se déterminèrent à fuir, et à s’attacher aux étrangers du Cratère. Ils croyaient naturelle-