Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lonie ; son départ, ne serait-il pas le signal d’une dispersion générale, sous cette impression que les deux personnes qui y avaient le plus d’intérêts n’y reviendraient jamais ?

La décision à prendre sur une telle matière était extrêmement délicate. Heaton et Betts d’abord, puis, après, tous les autres, émirent l’avis que le Rancocus fût conduit en Amérique, pour le profit de ses propriétaires légitimes. Si l’on emportait une cargaison de bois de sandal, et qu’on l’échangeât contre une de thés à Canton, le produit de ces thés couvrirait largement les frais du voyage, et compenserait la part de propriété que s’étaient adjugée les colons sur le bâtiment. L’usage de cette propriété ne devait plus être le même qu’alors que Marc et Bob se regardaient comme de malheureux naufragés. Dans ce dernier cas, il n’y avait pas seulement nécessité, mais la nécessité constituait un droit ; maintenant tout ce qu’on pouvait dire, c’est que l’exercice de ce droit était fort commode. Les principes des colons étaient trop solides pour qu’un seul instant ils se fissent illusion là-dessus. Pour la plupart, ils s’étaient engagés à prendre soin de la propriété des armateurs, et la question était de savoir si un pareil naufrage pouvait décharger leur conscience. Voici, suivant nous, quelle doit être la règle en pareil cas : comme tout marin a un droit de nantissement sur le bâtiment, jusqu’à concurrence de sa paie, quand ce nantissement cesse d’avoir de la valeur, ses devoirs envers le navire cessent en même temps. S’il y avait la moindre chance de pouvoir conduire le Rancocus en Amérique, aucun des marins n’était, jusque-là, légalement relevé de ses engagements.

Il fut donc sérieusement et solennellement déclaré qu’un effort serait d’abord tenté pour sorti le bâtiment du bassin, et qu’après cette opération, la conduite à tenir serait discutée dans un autre conseil. En même temps, on envoya à Ooroony et à Waally de nouveaux présents, d’un peu plus de valeur, tels que dès colliers de verroterie, des couteaux, des haches, etc., qui se trouvaient sur le bâtiment : on leur demandait, en retour, de couper autant de bois de sandal qu’il leur serait possible, et de