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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/256

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caractère religieux, dans la puissance d’Ooroony, et dans la vigilance de son rival, fut tout à fait rassuré sur le sort de la colonie pendant son absence. Le lecteur remarquera que, sans le schooner, le Pic et le Récif eussent été dans des conditions de défense très-insuffisantes. Avec ce bâtiment, et Brown, Wattles, Socrate et Uncus pour le manœuvrer, une flotte entière de canots pouvait être dispersée ; mais dans une invasion, le moindre accident à l’Abraham eût été fatal à la colonie. Heaton avait reçu pour instruction de tenir constamment le schooner à la mer, et de faire, au moins tous les deux mois, une excursion aux États d’Oorony, afin de surveiller ce qui s’y passait. Le prétexte était d’échanger des colliers, des haches et du vieux fer, contre du bois de sandal ; mais l’objet principal était d’avoir l’œil sur les mouvements des sauvages et d’examiner leurs dispositions.

Après avoir pris à bord une quantité considérable de bois de sandal, et avoir reçu d’Ooroony huit hommes actifs, le Rancocus se dirigea vers Canton. Dès qu’il fut en pleine mer, le gouverneur, brassant carré, s’éloigna du Récif, et la Neshamony mit à la voile à son tour pour porter à la colonie les lettres des voyageurs. Au bout de cinquante jours, le navire entra dans le port de Canton, où il se débarrassa facilement et avantageusement de sa cargaison. Marc fit même une opération tellement lucrative qu’après avoir rempli son bâtiment de thés, il se trouva en possession d’un actif assez considérable, et crut pouvoir modifier ses projets. Un petit brick américain était à vendre : on ne le regardait pas comme assez solide pour doubler le Cap, ou pour supporter de gros temps ; cependant il pouvait naviguer plusieurs années sur une mer aussi calme que l’océan Pacifique : Marc en fit l’acquisition pour un prix modique. Il mit à bord du brick tout ce qu’il put trouver de denrées utiles, entre autres, quelques vaches, etc. Les vaches d’Angleterre n’étaient pas rares ; les bâtiments venant d’Europe en apportaient souvent, et les abandonnaient dans ces parages. Marc put s’en procurer six, pensant, avec raison, que cette acquisition serait bien pré-