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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/292

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convaincre, par sa propre expérience, des résultats du système de Marc, concernant la propriété. Un individu n’était pas plus tôt en possession de sa terre, il n’avait pas plus tôt l’assurance que cette terre était son bien propre, qu’il en pouvait faire ce que bon lui semblait, qu’aussitôt il se mettait à l’œuvre avec un courage que soutenait l’espérance et que couronnait toujours le succès.

Au travail individuel se joignait le travail en commun. On se réunissait, on s’aidait l’un l’autre.

Tous les colons se mirent donc à l’œuvre comme un seul homme comme, d’après les avis d’Heaton, on commença par charrier le sable, le besoin de chevaux et de gros bétail se faisait vivement sentir ; mais, faute de tombereaux, on construisit des brouettes, et l’on s’aperçut bientôt qu’avec ces ustensiles douze bonnes paires de bras avançaient bien l’ouvrage en un jour. On s’ingénia de toutes manières pour le transport de ce sable, et le gouverneur établit un système d’après lequel chaque ferme en reçut une charge à son tour. La besogne était très-avancée au bout d’un mois, les distances ayant été rapprochées par la construction de quelques bateaux de supplément.

Les habitations furent l’objet d’une attention spéciale. Le bois, par malheur, était fort rare dans le Groupe, et il devenait indispensable de s’en procurer. L’île Rancocus étant fort bien boisée dans quelques parties, et renfermait, entre autres espèces, un très-grand nombre de pins élevés. Bigelow y fut envoyé avec l’Abraham pour y établir un moulin à eau, et scier les bois qu’il expédierait ensuite à la colonie. Le moulin fournit bientôt abondamment des planches, que le schooner transporta au Cratère. On coupa aussi beaucoup de cèdres qui n’étaient pas en moins grand nombre que les pins. Le transport de ces bois était le point difficile.

Bigelow creusa dans l’île Rancocus un canal fort ingénieux, par lequel les bois étaient amenés jusqu’au moulin. Au moyen de digues, l’eau resserrée traversait, pendant deux ou trois milles, une gorge de montagnes, et, se précipitant ensuite avec