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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/296

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comme ouvriers à gages : c’étaient, du reste, tous hommes robustes. Leur paie devait consister en grains, en vieilles ferrailles, en hameçons, et autres bagatelles d’une immense valeur à leurs yeux ; leur engagement n’était que de deux mois. Une partie des colons eût volontiers fait travailler gratuitement ces hommes comme esclaves eût laissé labourer les terres par ces machines vivantes ; mais, le conseil ne voulut pas entendre parler d’un semblable projet. Le gouverneur savait trop bien qu’une des conditions essentielles de la prospérité de sa colonie était le travail de tous ses membres, pour commettre la faute de les en affranchir.

Toutefois, un surcroît de bras habilement dirigés, devait être d’un secours puissant pour la jeune colonie. Les Indiens furent donc pris comme auxiliaires ; mais ce fut le gouvernement qui les engagea, se réservant le contrôle de leur travail et le soin de leur paie. Il y avait encore un autre avantage dans cet arrangement. Sans doute, tant que régnerait le jeune Ooroony, il n’était pas à croire que les relations amicales des deux peuples dussent être rompues ; mais il était à espérer que les nouveaux rapports résultant de cette convention aidés par le commerce du bois de sandal, auraient pour effet de resserrer par l’intérêt les liens d’amitié entre les Blancs et les naturels.

Les bâtiments restèrent au Groupe de Betto une quinzaine de jours jusqu’à la conclusion de tous les arrangements. Le Rancocus mit alors à la voile pour son grand voyage, et l’Anna fut envoyée au Récif pour y annoncer que la guerre était terminée. Quant à Waally, il dut remettre son fils entre les mains du jeune Ooroony, qui eut ainsi un gage des bonnes intentions de son ancien rival.