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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/320

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de la civilisation. C’était en même temps relever l’importance de ses fonctions aux yeux de ses administrés.

— Entrez, capitaine Betts, entrez, Monsieur, et veuillez vous asseoir, dit le gouverneur en présentant un siège à son vieil ami. Vous êtes toujours le bienvenu ici, car je n’ai pas oublié le temps passé, mon camarade !

— Merci, gouverneur, merci. Tout est diablement changé ici, depuis quelque temps ; il n’y a que vous qui soyez toujours le même. Pour moi, vous êtes toujours monsieur Marc et monsieur Woolston, comme au temps où je vous apprenais à distinguer un « nœud de vache » d’une « gueule de raie. »

— Et Marthe n’est pas changée non plus, je suppose ; un peu plus d’embonpoint peut-être que lorsque vous l’avez connue pour la première fois, mais toujours le cœur aussi jeune qu’à seize ans n’est-ce pas ?

— Oui, gouverneur. Voyez-vous ? Marthe a beau avoir quatre enfants à l’heure qu’il est, c’est toujours la Marthe d’autrefois, comme mistress Woolston est toujours la belle et fraîche miss Brigitte. Savez-vous que cela fait honneur au climat, gouverneur ?

— Il est vrai, ma femme se porte à merveille, mais, au surplus, comme toutes les femmes de la colonie. L’air est excellent, et tout prospère ici. Savez-vous que, d’après le rapport de M. le secrétaire, il est né ici près de deux cents enfants, sans compter ceux qui sont venus avec leurs parents, deux cents enfants du Cratère ?

— C’est un joli début, gouverneur, et qui promet pour l’avenir de la colonie, lorsque nous autres nous ne serons plus que de vieilles carcasses reléguées au chantier.

— Où est le temps où nous aurions été bien heureux d’avoir un toit pour nous couvrir, et où quelques herbes marines et un peu de limon étaient des trésors pour nous ! Il y a de quoi être reconnaissants envers qui de droit, et j’espère que vous ne l’oubliez pas plus que moi, Betts ?

— C’est ce que je m’efforce de faire gouverneur, quoique