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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/328

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CHAPITRE XXVI.


Cruel de cœur et fort de bras,
Il ne rêve que les combats ;
Après les combats, le pillage.
C’est avec un rire sauvage
Qu’il commande le branle-bas.
Le Boucanier



Après sa tournée, le gouverneur passa une semaine au Pic avec sa femme et ses enfants. C’était toujours avec un nouveau bonheur qu’il se retrouvait auprès de Brigitte ; elle était si tendre et si dévouée ! Si ses soins attentifs s’étendaient sur tous ceux qui l’entouraient, tout son bonheur se concentrait dans le sein de sa petite famille. Avec Marc et ses enfants, il n’était pas de solitude qui ne lui eût été chère.

Le Pic, proprement dit, était devenu la promenade de prédilection des habitants. C’était là que le gouverneur aimait à aller prendre le frais du matin, et, les yeux fixés sur l’Océan, à réfléchir à ses différents devoirs. Agréable dans tous les temps, à cause de l’étendue et de la beauté de la vue, cette promenade avait encore plus d’intérêt depuis qu’avait commencé la pêche de la baleine. C’était un spectacle qui amusait beaucoup Anne et Brigitte, et plus d’une fois un des petits garçons était accouru du Pic en criant : — Viens vite, maman, viens vite ! Un poisson ! un gros poisson !

Le matin même du jour où Marc se proposait d’aller au Récif, il monta au Pic avec sa femme, au moment où le soleil se levait. La matinée était charmante, et jamais les cœurs des deux époux ne s’étaient ouverts plus délicieusement au double sentiment de l’amour pour leurs semblables ; et de la reconnaissance pour leur Dieu. Le petit Marc donnait la main à sa mère, et l’heureux père conduisait sa fille. C’était ainsi qu’ils se partageaient d’or-