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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/336

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toute la journée. Le lendemain matin, un baleinier, monté par quatre robustes nageurs, arriva de l’île Rancocus. Ils étaient partis dans la soirée, et avaient eu à lutter toute la nuit contre les vents alizés. Les nouvelles qu’ils apportaient causèrent autant d’alarme que de surprise.

Les trois bâtiments étrangers s’étaient montrés tout à coup la veille au point du jour. Sans doute ils avaient pris cette direction dans l’obscurité, dès que, du Pic, on les avait perdus de vue. Bigelow qui se trouvait dans l’île, et qui jouissait d’une certaine considération parmi les colons, prit aussitôt la direction des affaires. Les femmes et les enfants se retirèrent dans les montagnes où deux ou trois cavernes avaient été préparées pour servir de refuge dans des cas extrêmes, comme celui qui se présentait, et les objets les plus précieux y furent transportés immédiatement, les scies du moulin, entre autres, qu’il eût été impossible de remplacer.

Après avoir donné ses instructions, Bigelow alla seul au-devant des étrangers qui venaient de jeter l’ancre, et qui étaient débarqués en grand nombre. Lorsqu’il arriva sur la plage, il trouva une centaine d’hommes, tous bien armés, et semblant placés sous un commandement militaire. Dès qu’on vit Bigelow, on le saisit pour le conduire au chef, dont l’extérieur annonçait un marin, et qui avait l’air rude et farouche. Cet homme ne savait pas un mot d’anglais. Bigelow essaya de lui adresser quelques mots en espagnol sans plus de succès. Enfin on amena quelqu’un qui parlait anglais, et même assez bien pour faire soupçonner à Bigelow qu’il pourrait bien être de cette nation, ou, tout au moins, Américain. Au moyen de cet interprète, un interrogatoire en forme commença.

On demanda à Bigelow quel était le nombre des habitants dans les différentes îles, la quantité de bâtiments qu’ils avaient à leur disposition, la nature de leurs chargements, les lieux qui servaient d’entrepôt ; et à la nature de ces questions, Bigelow jugea sur-le-champ qu’il avait affaire à des pirates. La piraterie se faisait souvent sur une vaste échette dans les mers de l’Est,