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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/343

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une autre fut laissée en croisière devant l’Aiguille, et l’Anna et la Marthe commencèrent de conserve une course des plus rapides, toujours à la recherche des pirates. Si le gouverneur les voyait une fois, il était bien décidé à ne pas les quitter qu’il ne fût parvenu à s’assurer de leurs projets.

Il y avait sept heures que l’Anna et la Marthe couraient à deux lieues de distance l’une de l’autre, dans la direction de l’île Rancocus, sans avoir fait de nouvelles découvertes. Le gouverneur, n’y comprenant rien, dit à Betts de poursuivre la même route encore quelque temps, et il lui donna rendez-vous pour le lendemain matin à la Pointe de l’Aiguille. Quant à lui, il se décida à aller en personne au Pic voir si l’on n’y saurait pas quelque chose de nouveau, et conférer avec Heaton. Vers quatre heures du matin, l’Anna entrait dans l’Anse Mignonne : tout y était tranquille. La Neshamony même n’avait pas encore paru. À peine arrivé, le gouverneur se vit entouré de la plupart des femmes qui accouraient impatiemment demander des nouvelles de leurs maris. Marc dit tout ce qu’il savait, et cette courte entrevue soulagea bien des inquiétudes. Brigitte, malgré son désir, ne fit aucun effort pour retenir son mari ; et, vers huit heures, l’Anna remettait à la voile.

À dix heures, le gouverneur avait la pointe de l’Aiguille en vue. Trois chaloupes, échelonnées de distance en distance, faisaient bonne garde. Dès qu’il fut à proximité, on lui signala une voile, qu’on voyait venir de loin à travers les passes intérieures. Le gouverneur ne tarda pas à reconnaître l’Abraham, mais quand les deux schooners furent bord à bord, il n’obtint pas de renseignements plus précis. Bigelow qui commandait l’Abraham, avait parcouru toute la côte du vent pour rallier les baleiniers, et les conduire à la Baie du Vent, et il venait prendre les ordres du gouverneur.

Comme l’Abraham n’était pas un des meilleurs voiliers, le gouverneur ne l’envoya pas en pleine mer à la recherche des pirates. Il dit à Bigelow de suivre la côte du vent, et de s’en tenir assez près pour qu’on ne pût lui couper la communication