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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/351

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elles étaient bien servies, derrière un bon rempart en terre, et l’on vit bientôt que la lutte n’était pas si inégale. C’était le gouverneur lui-même, ou le capitaine Retts, qui pointait chaque pièce, et il n’était pas un coup qui ne fît marque dans la membrure du bâtiment. Au contraire, les bordées de la frégate, ou s’enfonçaient dans la terre qui protégeait la batterie, ou passaient par-dessus les parapets. Bref, du côté des assiégés, après une heure de combat, il n’y avait qu’un seul blessé, le Kannaka dont nous avons déjà parlé, tandis que les pirates avaient déjà perdu sept hommes et comptaient plus de vingt blessés.

Si le combat avait continué de la même manière, il n’aurait pas tardé à amener le triomphe complet de la colonie. Mais le pirate reconnut qu’il s’y était mal pris, et qu’il fallait employer l’adresse avec des ennemis aussi indomptables. Aucun de ses bâtiments n’avait jeté l’ancre, mais ils venaient tour à tour lancer leur bordée contre la batterie en face. Sur ses ordres, un des bricks gouverna au nord en s’éloignant de la ligne du feu, puis il se rabattit sur l’extrémité nord de la batterie, de manière à l’enfiler. Or, cette batterie avait été construite de manière à envoyer son feu droit devant elle ; il n’y avait point d’embrasure de côté pour commander la rade. Il est vrai que des abris en terre avaient été élevés sur les flancs pour protéger les hommes ; mais cette sorte dé résistance passive ne pouvait être d’aucune efficacité dans un combat prolongé.

Pendant qu’un des bricks prenait cette position favorable, l’autre brick se retirait sous le vent, ainsi que la frégate, hors de la portée du canon, ce qui paralysait entièrement la batterie. À peine le brick le plus proche eut-il commencé son feu, que la frégate se rapprocha en gouvernant sur le flanc sud de la batterie, et le second brick la précédait s’assurant avec la sonde si l’on pouvait avancer sans crainte.

Voyant qu’il n’y avait aucun avantage pour lui à rester dans cette position, et craignant qu’on ne lui coupât la retraite, le gouverneur se mit à regagner ses embarcations. Ce mouvement n’était pas sans danger : un des colons fut tué pendant la