monie, et l’espoir du riche pillage qu’on s’attendait à faire dans la colonie, avait seul retardé une rupture complète. Cet espoir avait été déçu, et tout le temps de la retraite devant la Marthe et l’Anna n’avait été employé à bord de l’un des bricks qu’en préparatifs pour se faire rendre ce trésor mal acquis. Les autres, soupçonnant leurs intentions, n’étaient pas moins actifs dans leurs apprêts de défense ; et, au moment où ils sortirent presque de front du canal pour entrer en pleine mer, un des bricks passa au sud de l’île, et l’autre au nord, suivis de près par le sloop et le schooner.
Dès que les deux bâtiments eurent gagné le large, la lutte commença tout de bon, et le brick mécontent fit feu sur l’amiral. Celui-ci répondit, et les deux navires se rapprochèrent de plus en plus, à tel point que les nuages de fumée qui s’élevaient des deux bords, n’en formèrent bientôt plus qu’un seul. Le combat dura ainsi plusieurs heures avec une rage farouche. Enfin le feu cessa, et l’on s’occupa mutuellement de réparer ses avaries. Mais cette trêve ne fut pas de longue durée, et les bordées recommencèrent de plus belle. Le gouverneur, voyant qu’il n’avait plus rien à craindre de ce côté, reprit alors la route du Récif, et les deux bricks continuèrent à s’éloigner en se canonnant ; bientôt la fumée même qui indiquait leur sillage cessa d’être visible, et le gouverneur fut débarrassé pour toujours de ces dangereux ennemis.
CHAPITRE XXIX.
près cette fin inattendue de ce que les colons appelèrent la
Guerre des Pirates, la colonie jouit d’une longue période de
paix et de prospérité. La pêche de la baleine fut continuée avec
un grand succès, et devint pour plusieurs de ceux qui s’y livrè-