noncée depuis le commencement des siècles, et qui finira par arriver, aussi infailliblement que le soleil, se lève le matin et se couche le soir. La suprême folie de notre époque est de s’imaginer que la perfection s’établira avant l’heure qui lui est assignée.
- L’homme dit, l’insensé ! — « La terre est mon domaine,
- À moi les épis d’or, à moi la verte plaine ! »
- Sur le plus haut des rocs il se pose en vainqueur,
- Et semble défier l’ange exterminateur.
- C’est toi, puissante mer, qui sauras lui répondre ;
- Tes mille voix d’airain ont de quoi le confondre.
- Tu dévores d’un bond ce qu’il disait son bien,
- Et montres que Dieu seul est tout, et l’homme rien !
- Lunt.
es premiers mois qui suivirent le changement de gouvernement
furent employés par Marc Woolston à mettre en ordre ses
affaires particulières, avant une assez longue absence qu’il se
proposait de faire. Brigitte avait exprimé le désir de revoir encore
une fois l’Amérique ; les deux aînés de ses garçons étaient
d’âge à commencer sérieusement leur éducation. L’intention de
leur père avait toujours été de les envoyer en Pensylvanie quand
le moment serait arrivé ; et de les placer sous la tutelle de quelques
amis qui comprendraient toute l’importance d’un pareil
dépôt ; mais le dégoût que les derniers événements n’avait pu
manquer de lui inspirer, le décida sans doute à les conduire
lui-même.
Les affaires de la colonie étaient loin d’aller bien depuis qu’elle était devenue radicalement libre. Les sectes religieuses profitaient des bienfaits de cette liberté illimitée pour se faire une guerre plus acharnée que jamais, et si leurs voix ne montaient pas jusqu’au ciel, certes ce n’était pas faute de cris et de vociférations.