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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/80

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tume, n’avait-elle pas aussi ses charmes ? Comment se rappeler sans émotion les traits si fins et si gracieux de son amie, la constance qu’elle lui avait jurée, et à laquelle il était bien sûr qu’elle ne manquerait jamais, et tant d’entretiens chastes et délicieux qu’ils avaient eus ensemble, et qui avaient tenu tant de place dans sa courte existence

Le soleil se couchait lorsque Bob revint de sa pêche. À la grande surprise de Marc, la petite embarcation avait de l’eau jusqu’à son plat-bord, et il s’empressa d’aller à la rencontre de son ami qui se dirigeait vers l’entrée du Cratère. Bob avait pris une douzaine de poissons dont plusieurs étaient d’une grosseur considérable, mais tous d’espèces qui leur étaient inconnues. Mettant de côté ceux qui avaient la plus belle apparence, Marc jeta les autres sur le rocher, à la merci des porcs et des poules. Les porcs ne se firent pas prier, et se mirent à la besogne sans s’inquiéter des écailles ni des arêtes. Les poules, se montrèrent plus difficiles ; dans le premier moment elles firent la petite bouche ; sans doute le repas d’insectes qu’elles avaient fait en était cause ; mais longtemps avant la fin du festin, elles s’étaient ravisées et elles avaient fait largement honneur au festin. Les deux marins étaient donc rassurés sur ce point essentiel : leur petit troupeau aurait toujours de quoi manger, sauf la pauvre Kitty. Il est vrai que la chair de ces animaux pourrait bien sentir un peu le poisson ; mais ce serait quelque chose de nouveau et, si le goût en était par trop désagréable, en leur donnant quelques jours à l’avance leur nourriture ordinaire on parviendrait à le corriger.

Mais ces poissons ne faisaient pas la principale cargaison du canot. Bob l’avait rempli presque bord à bord d’une sorte de limon végétal qu’il avait trouvé dans le creux d’un rocher et qui devait avoir été formé par des amas d’herbes marines. Voici ce qui motivait cette supposition. Par sa configuration particulière, cette cavité recevait un courant qui y déposait une grande quantité d’herbes flottantes ; des orages successifs étaient venus sans doute ajouter leur contingent à la provision qui s’élevait