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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/91

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et qu’il aurait retirés en effet de cette spéculation, sans l’accident arrivé au Rancocus, et sans les trop nombreuses libations du capitaine Crutchely en l’honneur de l’anniversaire de son mariage, il avait consacré à l’achat d’outils, d’instruments, de semences, d’approvisionnements de toute espèce, destinés très-sincèrement à améliorer la condition des naturels de Vanua Levu et de Viti Levu, une somme qui ne montait pas à moins de mille dollars.

Dans ses recherches, Marc trouva des graines de trèfle et d’autres plantes herbacées en assez grande quantité pour couvrir presque toutes les hauteurs du Cratère. Le temps s’étant éclairci pour le moment, il partit avec Bob qui portait un panier plein de guano, tandis que lui-même s’était muni des semences. C’était la première fois qu’ils montaient au Cratère depuis qu’ils avaient terminé leurs plantations, et Marc approcha de ses petits monticules sans grand espoir, car il n’avait pas alors de limon à mêler aux cendres. Qu’on juge de son ravissement, comme de sa surprise, quand il vit une couche de melons sur laquelle on distinguait déjà de petites tiges verdoyantes. Le grand problème était donc heureusement résolu : la végétation se trouvait importée sur ce sol jusqu’alors stérile. Les principes inertes qui, combinés ensemble, avaient produit ce phénomène, étaient là, depuis des milliers de siècles, tout près les uns des autres, mais privés de vie, faute de se trouver en contact immédiat. Marc ne doutait pas que ce ne fût le guano de Betts qui eût déterminé cette végétation, et réveillé de leur torpeur les matières jusqu’alors inactives vomies par le volcan. Le labourage, l’accès donné à l’air et à la lumière, l’arrosement, pouvaient y avoir contribué, mais notre jeune jardinier était convaincu qu’il avait fallu quelque chose de plus pour le succès. Ce quelque chose, c’était la fiente des oiseaux fertilisée par l’action du temps, qui l’avait fourni et, ô miracle ! obéissant à l’appel de cet engrais nouveau, le sol ingrat se couvrait pour la première fois d’une verdure naissante.

La joie de Marc Woolston tenait du délire ; il n’avait plus à