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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/94

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d’herbes marines, et rien n’était négligé de ce qui pouvait contribuer au succès de la plantation.

Sans doute on ne pouvait espérer que tous ces essais de culture réussissent au même degré. De toutes les semences réunies par l’Ami Abraham, il y en avait qui pouvaient manquer complètement, ou dégénérer mais pourquoi d’autres, au contraire, ne s’amélioreraient-elles pas ? Il n’attendait pas beaucoup de la pomme de terre d’Irlande, du chou, ni de la plupart des légumes du nord ; mais il avait voulu essayer un peu de tout ; et son jardin potager offrait un assortiment à peu près complet des légumes alors connus en Amérique.

Il fallut bien quinze jours à nos amis pour préparer, fumer et ensemencer leur jardin et ses compartiments de dessins si variés. Il occupait, au centre même du Cratère, un emplacement d’au moins une demi-acre. Ce n’était pour Marc qu’un commencement, une sorte de pépinière, destinée à alimenter beaucoup de créations du même genre, jusqu’à ce que les cent acres ne formassent qu’un parc immense. Au moment où ils terminaient cette partie de leurs travaux, les pluies étaient moins fréquentes ; c’étaient plutôt des averses, qui étaient encore plus favorables au développement de la végétation. Pendant ces quinze jours les semis faits sur les hauteurs avaient fait des progrès rapides sous l’influence d’un soleil des Tropiques. Mais pour féconder le sol, il ne faut pas seulement de la chaleur et il n’arrive que trop souvent, sous ces latitudes, qu’il ne soit pas assez humecté. Ces longues sécheresses, qui reviennent périodiquement, tiennent souvent moins à la chaleur qu’à d’autres causes locales. À mesure que le printemps avançait, Marc commençait à espérer que son petit territoire serait à l’abri de ce fléau si terrible. Les vents alizés, et quelques autres causes qui lui étaient inconnues, amenaient continuellement des nuages qui non-seulement versaient une pluie bienfaisante sur ses plantations, mais qui servaient encore à modérer une chaleur qui eût été insupportable si rien n’avait jamais intercepté les rayons du soleil.