Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais écoutez, Monsieur…, ce sont eux, ce sont nos grenadiers qui s’avancent ; je les reconnais à leur marche pesante et mesurée.

Lionel prêta une oreille attentive, et entendit distinctement le pas uniforme d’un corps de troupes régulières qui traversait la plaine, comme s’il se dirigeait vers le bord de l’eau. Il fit précipitamment ses adieux à son compagnon, descendit rapidement le penchant de la colline, et, suivant la direction du bruit, il arriva sur la rive en même temps que les troupes.

Deux masses compactes de soldats étaient arrêtées à quelque distance l’une de l’autre, et, en passant devant les colonnes, Lionel jugea facilement que les troupes qu’il voyait rassemblées devaient monter à près de mille hommes. Un groupe d’officiers était réuni sur la côte : il s’en approcha, pensant avec raison qu’ils entouraient le chef de l’expédition. C’était le lieutenant colonel du 10e, qui était en grande conversation avec le vieux vétéran de marine dont avait parlé la sentinelle placée devant l’hôtel-de-ville de la province. Lionel aborda le premier, et lui demanda la permission d’accompagner le détachement en qualité de volontaire. Après quelques mots d’explication, sa requète lui fut accordée, sans que ni l’un ni l’autre eussent fait la moindre allusion aux motifs secrets de expédition.

Lionel fut rejoint alors par son valet de chambre, qui avait suivi les troupes avec les chevaux de son maître. Après lui avoir donné ses ordres, il se mit à chercher son ami Polwarth, qu’il découvrit bientôt, placé, dans toute la raideur de l’exactitude militaire, à la tête du premier peloton d’infanterie légère. Comme il était évident, tant par la position qu’ils occupaient que par le nombre des barques qui avaient été rassemblées, que le détachement ne devait pas quitter la péninsule par le point de communication ordinaire avec le reste du pays, il n’y avait plus d’autre alternative que d’attendre patiemment le signal de l’embarquement.

Ce signal fut bientôt donné, et, comme l’ordre le plus parfait régnait parmi les troupes, en un instant ces troupes furent placées, et les barques commencèrent à s’éloigner lentement du rivage, précisément au moment où la lune, qui se jouait depuis quelque temps au milieu des collines, dorait les clochers de la ville, commençait à se refléter sur les eaux, et produisait en