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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/123

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tendaient qu’il y aurait un engagement. Au moment où la clarté vacillante de la lune s’affaiblissait de plus en plus devant les premiers feux du jour, le cri de halte ! parti de l’arrière-garde, retentit jusqu’à la tête de la colonne de l’infanterie légère.

— Halte ! répéta Polwarth avec la ponctualité la plus scrupuleuse et d’une voix qui se fit aisément entendre sur toute la ligne.

— Halte ! et donnons à l’arrière-garde le temps de nous rejoindre ; si mon jugement pour apprécier les distances vaut seulement un anchois, ils doivent être encore à plus d’un mille derrière nous. Diable ! il faudrait avoir les ailes d’une perdrix pour continuer à aller un pareil train ! Le premier commandement que nous recevrons à présent sera sans doute de rompre le jeûne. — Tom, avez-vous apporté les bagatelles que je vous ai envoyées de chez le major Lincoln ?

— Oui, Monsieur, répondit son laquais elles sont sur les chevaux du major à l’arrière-garde ; j’ai cru…

— Les chevaux du major à l’arrière-garde, bélître que vous êtes, lorsqu’en tête on a un besoin si urgent de vivres ! Dites-moi, Lionel, ne croyez-vous pas qu’on pourrait trouver quelque chose dans cette ferme que j’aperçois là-bas ?

— Vite, relevez-vous et faites aligner vos hommes, dit le major à Polwarth qui s’était déjà installé sur une pierre ; voici Pitcairn qui nous rejoint à la tête du bataillon.

Lionel avait à peine fini de parler que l’ordre fut donné aux troupes d’infanterie légère d’examiner leurs armes, et aux grenadiers d’amorcer et de charger. La présence du vétéran, qui s’avança en tête de la colonne, et la précipitation du moment, étouffèrent les plaintes de Polwarth, qui au fond était un excellent officier pour tout ce qui avait rapport à ce qu’il appelait lui-même les détails paisibles du service. Trois ou quatre compagnies d’infanterie furent détachées du corps principal, et le vieil officier de marine, se plaçant à leur tête, leur fit prendre le nouvel ordre de marche qu’on leur avait appris, et donna le signal du départ.

La route passait alors à travers une vallée, et, à la faible lueur du crépuscule, on apercevait à quelque distance un petit groupe de maisons qui s’élevaient autour d’un de ces temples simples, mais vénérés, qui sont si communs dans le Massachusetts. La halte et les apprêts qui l’avaient suivie avaient excité un intérêt