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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/17

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une petite île enfoncée dans la baie, et de divers postes dans la partie la plus élevée de la ville, on voyait flotter au gré du vent le pavillon anglais. Tandis que le jeune officier contemplait cette scène, il entendit le bruit des canons qui annonçaient la fin du jour ; et, tandis qu’il suivait des yeux la descente des symboles superbes du pouvoir britannique, il sentit son bras pressé d’une manière expressive par la main de son vieux compagnon de voyage.

— Le jour n’arrivera-t-il jamais, lui dit le vieillard à voix basse, où nous verrons ce pavillon s’abaisser pour ne jamais se relever sur cet hémisphère ?

Le jeune homme tourna les yeux avec vivacité sur celui qui lui parlait ainsi, mais les baissa sur-le-champ pour éviter les regards perçants de son vieux compagnon. Un assez long silence, un silence qui semblait pénible au jeune officier, succéda à cette observation. Enfin il dit en lui montrant la terre :

— Dites-moi, vous qui êtes de Boston, été qui devez connaître cette ville depuis longtemps, quels sont les noms de tous les beaux endroits que je vois ?

— N’êtes-vous pas aussi de Boston ?

— Il est vrai que j’y suis né, mais je suis Anglais par les habitudes et l’éducation.

— Maudites soient ces habitudes ! Et combien doit être négligés l’éducation qui apprend à un enfant à oublier le pays qui l’a vu naître !

Le vieillard se détourna en murmurant ces mots à demi-voix, et, se remettant à marcher à grands pas, il s’avança vers le gaillard d’avant.

Le jeune officier resta quelques minutes comme absorbé dans ses réflexions, et, semblant se rappeler tout à coup le motif qui l’avait fait monter sur le tillac, il appela à haute voix : — Meriton !

« Au son de sa voix, le groupe de curieux qui était rassemblé autour du pilote se dispersa, et le jeune homme vêtu avec prétention, dont nous avons déjà parlé, s’approcha de lui d’une manière qui offrait un singulier mélange de familiarité présomptueuse et de profond respect. Cependant le jeune officier, sans y faire attention et sans même l’honorer d’un regard, continua en ces termes :