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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/238

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que personne n’en eût de plus blâmables que celles du pauvre Mac-Fuse.

— Oui, oui, dit Polwarth en toussant violemment, comme s’il eût voulu se dégager le gosier à tout risque ; il était un peu obstiné dans les bagatelles, comme la connaissance de la guerre et tout ce qui concerne la discipline ; mais dans toutes les choses importantes il était aussi traitable qu’un enfant. Par exemple, il était impossible d’avoir moins de prétentions et d’avoir le goût moins difficile à table. Je voudrais bien qu’il vécût encore, pour qu’il pût jouir, dans le temps dur où nous vivons, et quand les mets deviennent excellents par comparaison, des provisions qu’il a eu l’adresse de nous assurer, grâce à la cupidité de notre ancien hôte maître Seth Sage.

— Ce projet remarquable n’a donc pas entièrement échoué, dit Lionel qui brûlait du désir de changer encore une fois un sujet de conversation qui l’affligeait ; j’avais pensé, d’après ce que vous m’avez dit, que les Américains nous serraient de trop près pour que les communications fussent possibles.

— Seth a été trop adroit pour souffrir qu’ils les fermassent à son égard. Les prix fixés à ses fournitures ont été un soporatif pour sa conscience. Je crois même qu’en se servant de votre nom il s’est fait parmi les rebelles un ami assez important pour le protéger dans son commerce. Ses renforts m’arrivent deux fois par semaine, aussi régulièrement que la viande suit la soupe dans un dîner bien ordonné.

— Vous pouvez donc communiquer avec les campagnes, et les campagnes communiquer avec la ville ? Quoique Washington puisse fermer les yeux à cet égard, je doute fort qu’Howe le trouvât bon.

— Pour écarter toute idée de pratiques suspectes et servir en même temps la cause de l’humanité, notre ancien hôte, sage d’esprit comme de nom, a jugé à propos de choisir un fou pour agent de son commerce, un jeune drôle qui était bien connu dans la ville, et que vous devez vous rappeler, un idiot, qui se nommait Job Prey.

Lionel garda le silence quelques instants, pendant lesquels ses souvenirs parurent renaître, et ses pensées se portèrent sur tout ce qui s’était passé pendant les premiers mois de son séjour à Boston. Il est possible que quelque sentiment pénible, quoique indé-