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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/258

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grande inquiétude. Dès qu’elle eut appris qu’elle était heureusement terminée, elle courut vers l’appartement avec un tel empressement, que les suites qui en résultèrent se joignant aux infirmités naturelles de son âge, pensèrent lui coûter la vie. En montant l’escalier, son pied s’embarrassa dans sa robe, et, sans faire attention au cri que poussa miss Danforth pour l’avertir, elle voulut continuer à marcher, avec cette violence de caractère qui lui faisait quelquefois oublier tout son amour pour le décorum, et elle fit une chute qui aurait pu être fatale à une femme beaucoup plus jeune. Le choc qu’elle reçut fut suivi d’une inflammation qui, sans paraître très-dangereuse, se prolongea assez longtemps pour donner des craintes à tout ce qui l’entourait. Cependant, à l’époque où nous sommes arrivés, tous les symptômes fâcheux avaient disparu, et sa guérison n’était plus douteuse.

Lionel ayant appris tous ces détails de la bouche de Cécile, on peut juger que la source où il les puisait ne fit qu’ajouter à l’effet que produisit l’intérêt que sa tante avait pris à lui. Cependant, quoique Cécile eut particulièrement appuyé sur la preuve qu’offrait cet incident de l’attachement de Mrs Lechmere pour son neveu, le major Lincoln avait remarqué que miss Dynevor, dans les conversations qu’il avait avec elle, ne prononçait que très-rarement le nom de sa tante, et qu’elle n’en parlait jamais qu’avec une réserve et une retenue qui paraissaient portées à l’extrême. Leur confiance augmenta pourtant à mesure qu’ils se virent plus souvent, et Lionel commença peu à peu à soulever le voile dont une modestie timide couvrait les sentiments de Cécile, et à lire dans un cœur dont la pureté et la sincérité n’exigeaient pas de grandes recherches pour se faire connaître.

En revenant de l’église, Cécile et Agnès se rendirent sur-le-champ dans l’appartement de leur tante, et laissèrent Lionel en possession du petit salon boisé, Polwarth étant retourné chez lui. Le major passa quelques minutes à s’y promener en réfléchissant sur la scène dont il avait été témoin avant d’entrer dans l’église, et lisant quelquefois les yeux, sans y faire aucune attention, sur les ornements sculptés sur la boiserie, et parmi lesquels les armoiries de sa maison occupaient la place la plus honorable. Enfin il entendit le bruit de cette marche légère qu’il avait trop bien appris à connaître pour pouvoir s’y méprendre, et, presque au même instant, miss Dynevor entra dans l’appartement.